| * Dans l'article "ESTOMPER,, verbe trans." ESTOMPER, verbe trans. A.− B.-A. Rendre moins intense la valeur d'un trait ou d'une masse colorée en étendant le crayon ou le pastel au moyen de techniques diverses. Il usa largement de la couleur et n'en put estomper finement les contours (Sand, Beaux MM. Bois-Doré,1858, p. 22).[Dans l'exécution de son œuvre] (...) son pouce [de Rodin] qui était revenu sur les traits pour les estomper, avait interprété par un très léger nuage le charme du modelé (Rodin, Art,1911, p. 147): 1. Et il y avait plaisir à le voir travailler, deux pinceaux dans la même main, l'un plus fin et chargé d'une couleur plus intense, attaquant le trait, l'autre plus gros et plus aqueux, élargissant et estompant le trait − cela avec un tour de main de jongleur.
Goncourt, Journal,1878, p. 1272. − Emploi pronom. passif. Les noirs s'affirment ou s'estompent [Rembrandt − « Les Syndics ».] (Fromentin, Maîtres autrefois,1876, p. 363). − P. ext. [À propos d'un autre domaine artistique] Exprimer de façon atténuée. Tantôt il [Maurice Ravel] estompe les motifs, les relègue dans les espaces lointains (Lévinson, Visages danse,1933, p. 113). B.− P. anal., littér. Rendre flou, indistinct; voiler d'une ombre légère. Ce brouillard d'argent qui estompe les collines (Flaub., 1reÉduc. sent.,1845, p. 107).La nuit estompant tout ce qu'elle dessine et le clair de lune ne faisant jamais rien que d'indécis (Hugo, Travaill. mer,1866, p. 409).Dans une brume bleue qui en estompait les contours, la silhouette de la cathédrale dessinée sur le ciel (Daniel-Rops, Mort,1934, p. 311). − Emploi pronom. à sens passif. Devenir indistinct, se fondre dans. Une grisaille, où les lignes s'estompaient, s'enfonçaient, émergeaient par moments, s'effaçaient de nouveau (Rolland, J.-Chr.,Foire, 1908, p. 688): 2. Mais souvent le poète se plaît à ces impressions de rêve et recherche les paysages d'automne, les nocturnes, les heures incertaines et crépusculaires, où s'effacent les contours trop aigus des objets. Il a évoqué sans lassitude ces moments, propices à la rêverie, où la nature s'estompe et s'embrume...
Béguin, Âme romant.,1939, p. 280. C.− Au fig. 1. Rendre imprécis. En estompant, à force de subtilité, tous les contours d'une idée, on échappe à la critique, même en soutenant les thèses les plus invraisemblables (Ruyer, Esq. philos. struct.,1930, p. 1). − Emploi pronom. à sens passif. Devenir imprécis; passer au second plan. Peu à peu les chiffres précis s'estompent (Martin du G., Devenir,1909, p. 191).La notion même des fonctions économiques fondamentales que doivent remplir le prix, le salaire, le profit s'estompe, cet effacement se répercutant à son tour dans les pratiques institutionnelles, les mœurs et les états d'esprit (Perroux, Écon. XXes.,1964, p. 531). 2. Atténuer. (Quasi-)synon. adoucir, édulcorer.Le temps n'adoucit rien, principalement la rancune, mais il estompe, il embrume tout (Verlaine,
Œuvres compl.,t. 5, Confess., 1895, p. IV).Aussi a-t-il essayé d'estomper, d'effacer presque, tant d'exagérations imprudentes (Bremond, Hist. sent. relig.,t. 4, 1920, p. 518). Prononc. et Orth. : [εstɔ
̃pe], (j')estompe [εstɔ
̃:p]. Ds Ac. 1762-1932. Étymol. et Hist. 1. 1666-99 [éd. 1730] B.-A. (Mémoires de l'Académie des sciences, t. 9, p. 659); 1676 (Félibien Dict., p. 585); 2. 1836 « rendre moins net, rendre flou » (Balzac, Lys, p. 30 : horizons estompés). Dér. de estompe*; dés. -er. Fréq. abs. littér. : 108. DÉR. Estompage, subst. masc.a) B.-A. Action d'estomper; résultat de cette action. Des images troubles [les femmes de Lemoine] délicieusement vagues (...) qui se rapprochent, avec un peu moins de légèreté, de l'estompage gris de quelques rares études d'Honoré Fragonard (E. de Goncourt, Mais. artiste,1881, p. 106).Le fondu des plans (...) préfigure l'estompage du contour par Léonard (Malraux, Voix sil.,1951, p. 83).b) Au fig. Le bleuissement, l'estompage vaporeux du soir montait insensiblement (Goncourt, Man. Salomon,1867, p. 2).− [εstɔ
̃pa:ʒ]. − 1resattest. a) 1860 B.-A. (Id., Journal, p. 805). b) 1867 au fig. (Id., loc. cit.); du rad. de estomper, suff. -age*. − Fréq. abs. littér. : 3. |