| ESTAMINET, subst. masc. A.− Vieilli. Café ou salle de café où l'on peut fumer (cf. tabagie). La senteur fumeuse des estaminets (Huysmans, Sœurs Vatard,1879, p. 144): 1. Au second estaminet, comme il avait achevé de fumer son restant de tabac, il recommença son antienne. Ce diable d'homme avait des restants de tabac dans tous les estaminets, qui lui servaient de relais pour ses pipes et son gosier.
Balzac,
Œuvres div.,t. 2, 1830-35, p. 493. B.− P. ext., usuel. Petit café populaire. Un petit estaminet (...) une affreuse baraque de planches où l'on débitait du genièvre aux mineurs trop pauvres pour aller ailleurs, dans un vrai café (Bernanos, Journal curé camp.,1936, p. 1069).Cf. bouchon ex. 2 : 2. Les cent francs qui paient une fleur dans un restaurant de luxe tiennent (...) la même place exactement que les cent francs qui paient le casse-croûte d'un ouvrier dans un estaminet.
Perroux, Écon. XXes.,1964, p. 321. − Péj. [Déterminant de subst. désignant une pers. ou son comportement] Pilier d'estaminet; bavardages, plaisanteries d'estaminet. Un héros d'estaminet, un crâne de mauvais ton (Stendhal, Souv. égotisme,1832, p. 77).Votre racaille... de péroreurs de trottoir et d'estaminet (Arnoux, Roi,1956, p. 68). Rem. Cet emploi se rencontre également pour le sens A. Prononc. et Orth. : [εstaminε]. Ds Ac. 1762-1932. Étymol. et Hist. 1. xviies. « café où l'on fume » (Archiconfr. des ratiers ds DG); 2. 1909 « petit café populaire » (Lar. pour tous). Empr. au wallon staminê, èstaminê, de même sens (Haust), attesté dès le xviies. sous la forme staminai « id. » (Les Dialectes belgo-romans, t. 10, p. 78), prob. dér. du wallon stamon « poteau auquel la vache est liée près de sa mangeoire », cf. le wallon staminée « mangeoire » (1624 ds FEW t. 17, p. 213a, 1506 ds B. de la Commission royale de topon. et dialectol. t. 37, 1963, p. 293); dans cette hyp., l'estaminet aurait d'abord été une salle avec plusieurs poteaux (Bl.-W.1-5). Fréq. abs. littér. : 211. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 129, b) 476; xxes. : a) 508, b) 225. Bbg. Mat. Louis-Philippe 1951, p. 99, 101. − Sain. Sources t. 1 1972 [1925], p. 307. |