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ESSAYEUR, EUSE, subst.
A.− [L'objet de l'essai est une chose concr.] Personne qui expérimente, qui contrôle le fonctionnement de quelque chose afin de juger de sa qualité. Essayeur de voiture :
1. M. Merriman était essayeur chez Pleyel; il avait fait du métier de pianiste sa profession, sans vocation aucune... Gide, Si le grain,1924, p. 456.
Fam. [L'obj. de l'essai désigne une pers.] Il [Julot, l'essayeur de femmes] m'envoie le résultat de ses essayages par lettre (Richepin, Truandailles,1891, p. 140).
Spécialement
1. Vieilli. [L'obj. de l'essai désigne un métal précieux] Fonctionnaire chargé de vérifier par une opération chimique le titre de l'or ou de l'argent destiné à la fabrication des monnaies (cf. chimiste A rem. 2). En 1848, il peut enfin revenir à Paris avec le titre d'essayeur à la Monnaie (Hist. gén. sc.,t. 3, vol. 1, 1961, p. 322).
2. [L'obj. de l'essai désigne un mets] Personne chargée de goûter un mets, une boisson, etc., afin d'en éprouver la qualité. Essayeur d'eau-de-vie, de bière, de sauces :
2. Louis XIV, vers la fin de son règne, après avoir épuisé jusqu'au bout les ressources de son beau royaume, créa et vendit des charges plus ridicules les unes que les autres. On fit des conseillers du roi contrôleurs aux empilemens de bois, des charges de barbiers-perruquiers, des contrôleurs-visiteurs de beurre frais, des essayeurs de beurre salé, etc. Say, Écon. pol.,1832, p. 474.
3. [L'obj. de l'essai est un vêtement] Personne qui essaie, qui passe sur soi un vêtement ou qui le fait passer à un client. Sa robe, commandée à Paris, nécessita (...) la présence aux Uzelles d'une essayeuse (A. Daudet, Pte paroisse,1895, p. 42):
3. ... MmeRoger occupe trois cents ouvrières, a des salons quadrillés d'or, de vraies cages dorées, − des essayeuses vêtues de soie; et d'un crayon indolent, indique sur un carnet les retouches et les corrections à apporter à la robe qu'on essaye. Goncourt, Journal,1857, p. 319.
En appos. Le bel homme essayeur, qui, dans le magasin, sert d'affiche, n'est pas plus fier de son torse qu'il ne l'est du sien (Taine, Notes Paris,1867, p. 114).
B.− Au fig. [L'obj. de l'essai désigne un acte, une action] Personne qui essaie, qui tente quelque chose. Ces anciens gardes municipaux applaudirent. S'ils eussent hué, on se demande ce qu'auraient fait les deux essayeurs de coup d'État (Hugo, Hist. crime,1877, p. 22):
4. Pour nous, qui préférons le martyre au succès, John Brown est plus grand que Washington, et Pisacane est plus grand que Garibaldi. Il faut bien que quelqu'un soit pour les vaincus. On est injuste pour ces grands essayeurs de l'avenir quand ils avortent. Hugo, Misér.,t. 2, 1862, p. 484.
Rem. On rencontre ds la docum l'emploi adj. Qui essaie. La culture se fait industrieuse, essayeuse, observatrice, comme dans tous les pays accidentés (Sand, Prom. autour vill., 1860, p. 97). Rien n'égale, ma Claudine aimée, la cruauté, l'exigence froide et essayeuse des jeunes filles! (Colette, Cl. ménage, 1902, p. 227).
Prononc. et Orth. : [esεjœ:ʀ] ou, p. harmonis. vocalique, [ese-] (cf. Fér. 1768 et gattel 1841). Pour la prononc. [εsε-] cf. essayer. Étymol. et Hist. Ca 1250 essaieres « homme peu sincère, inconstant » (R. de Blois, Chastiement des Dames, éd. Barbazan et Méon, II, 218, 1079); 1611 « fonctionnaire préposé aux essais de monnaie » (Cotgr.); 1857 subst. fém., supra ex. 3 Dér. du rad. de essayer*; suff. -eur2*, -euse*. Fréq. abs. littér. : 13.