| ESSAIMER, verbe. A.− Emploi intrans. 1. APIC. Quitter la ruche mère pour former ailleurs une colonie nouvelle : 1. Alors que les abeilles essaiment, sur les deux heures quand il fait si chaud,
Je m'asseyais dans l'herbe et, frappant sur un morceau de fer, je disais « Belle! Belle! » Et tout l'essaim par rangées noires venait s'abattre sur le drap blanc tendu.
Claudel, Échange,1894, III, p. 706. Rem. Ac. 1932 note : Ces abeilles ont essaimé. Littré précise que l'auxil. être s'emploie pour marquer l'état : Ces mouches sont essaimées depuis hier. − [P. méton. du suj.] Se diviser en vue de l'émigration d'une partie des abeilles. Cette ruche a essaimé (Ac.).Maintenant, revenons à notre ruche qui essaime et où l'on n'a pas attendu la fin de ces réflexions pour donner le signal du départ (Maeterl., Vie abeilles,1901, p. 87). 2. P. anal. a) [Le suj. désigne d'autres insectes] Cf. essaimage B 1.Ces mouches n'ont pas encore essaimé (Ac.1798-1878). b) [Le suj. désigne une collectivité hum.] Fonder de nouveaux groupes par l'émigration d'une partie des membres qui constituaient le noyau initial. Là se déroula jadis, de Byblos à Tyr, toute la série des villes phéniciennes, pépinières de colonies qui ont essaimé sur tous les rivages (Vidal de La Bl., Princ. géogr. hum.,1921, p. 86). c) [Le suj. désigne un groupe quelconque] Se disperser. Les députés dégringolèrent entre les travées, essaimèrent en masse, se répandirent dans les couloirs (De Vogüé, Morts,1899, p. 14). B.− Emploi trans. 1. APIC. [Le compl. d'obj. dir. est un obj. interne désignant un essaim d'abeilles] Le forcer à quitter la ruche. Balthazar ne s'occupe que des ruches naturelles construites dans les arbres. Il ne nourrit pas l'abeille, il ne l'essaime pas artificiellement (Pesquidoux, Chez nous,1923, p. 38). 2. P. anal. a) [Le compl. d'obj. dir. désigne une pers.] Répartir certains membres d'une collectivité humaine en groupes constituant des filiales. L'abbaye était immense; après avoir essaimé plus de cent religieux dans diverses fondations, Guillaume en régissait autant à Saint Bénigne (Huysmans, Oblat,t. 1, 1903, p. 282). b) [Le compl. d'obj. dir. désigne une chose abstr. ou concr.] Répandre. Son pardessus, grand choix de taches et surtout de pellicules qu'il essaimait ensuite à menus coups d'ongles alentour (Céline, Voyage,1932, p. 350): 2. Le propre des agglomérations de cette nature est d'être aptes d'abord à recevoir une part grandissante des pouvoirs publics et privés retenus souvent indûment à Paris, ensuite d'irriguer à leur tour des régions élargies en y essaimant leurs activités.
Belorgey, Gouvern. et admin. Fr.,1967, p. 343. Rem. On rencontre ds la docum. un emploi pronom. à sens passif. Au long de la Moselle où s'essaiment Ars, Jouy, Ancy (Barrès, C. Baudoche, 1909, p. 187). Prononc. et Orth. : [esεme] ou p. harmonis. vocalique [eseme], (j')essaime [esεm]. Pour l'initiale, cf. essaim et essai. Enq. : /esem/ (ils) essaiment. Le verbe est admis ds Ac. 1718-1932. Étymol. et Hist. 1266 au propre et au fig. (Vers de la Mort, 148, 7; 183, 4 ds T.-L.). Dér. de essaim*; dés. -er. Fréq. abs. littér. : 32. |