| ESPIONNER, verbe trans. A.− Recueillir clandestinement des renseignements (sur quelque chose ou quelqu'un) au profit d'une puissance étrangère. Espionner l'ennemi. Tu redoutes le châtiment qui t'est dû pour t'être approché de nos murailles afin d'espionner nos travaux (Cottin, Mathilde,t. 2, 1805, p. 266): − Emploi abs. : 1. Si nous avions un gouvernement plus énergique, tout ça devrait être dans un camp de concentration. Et allez donc! En tous cas, vous ferez bien de ne pas recevoir ce joli monde, parce que je sais que le Ministre de l'Intérieur a l'œil sur eux, votre hôtel serait surveillé. Rien ne m'enlèvera de l'idée que pendant deux ans Charlus n'a pas cessé d'espionner chez moi.
Proust, Le Temps retr.,1922, p. 765. B.− P. ext. 1. Observer clandestinement (quelque chose ou quelqu'un) au profit de quelqu'un. Espionner la vie de quelqu'un; mouchard chargé d'espionner. (Quasi-)synon. surveiller.Voilà ce petit commissaire de police freluquet envoyé de Paris pour espionner le préfet! (Stendhal, L. Leuwen,t. 3, 1836, p. 175).Il chargeait ses coreligionnaires dans chaque endroit d'espionner l'affaire pour son compte, moyennant une prime (Balzac, Cous. Pons,1847, p. 134).− Il ne s'agit pas de vous faire espionner, mais de veiller à votre sécurité (Larbaud, Barnabooth,1913, p. 161). − Emploi pronom. réciproque. On les forcera à s'espionner et à se dénoncer les uns les autres (Camus, Possédés,1959, 2epart., 13etabl., p. 1059). 2. Observer secrètement (quelqu'un ou quelque chose) à son propre profit. Espionner ses parents. (Quasi-)synon. surveiller.C'était leur vieille bonne qui, les espionnant par une fente de la cloison, avait cru voir le diable (Flaub., Bouvard,t. 2, 1880, p. 85).Il lui vint une manie de persécuter et d'espionner sa propre famille (Aymé, Jument,1933, p. 114): 2. − Je t'ai vu, repris-je, sur le boulevard.
− Et après?
− Avec MmeMeesemacker.
− Vraiment? Tu n'es pas discret.
− Et je t'ai vu, dans l'escalier, l'autre matin.
− Tu m'espionnes, ma parole!
Duhamel, Jard. bêtes sauv.,1934, p. 211. − Sans compl. − Vous espionnez donc? demanda-t-il gaîment. − Dame! répondit-elle, ça m'intéresse, ce qui se passe là-dedans (Zola, Terre,1887, p. 68). Rem. La docum. atteste espionnant, ante, en emploi adj., rare. Qui espionne. Dans son système, tous les Français, y compris Cavaignac, Gyp et Félix Faure, seraient à la merci de toute la canaille espionnante (Clemenceau, Vers réparation, 1899, p. 345). Prononc. et Orth. : [εspjɔne]. Enq. : /espjon/ (il) espionne. Ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1482 [ms. de 1507] « observer en espion » (G. Flamang, Vie et passion St Didier, éd. J. Carnandet, p. 87). Dér. de espion*; dés. -er. Fréq. abs. littér. : 185. |