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ESPIONNAGE, subst. masc.
A.− Toujours au sing. Action de recueillir clandestinement des renseignements au profit d'une puissance étrangère. Une affaire d'espionnage; l'espionnage est un crime contre la sûreté de l'État. Anton. contre-espionnage.Attendez. Voilà : organisation d'espionnage pour le compte de l'Italie (Malraux, Espoir,1937, p. 547).Les romans d'espionnage ne mentent pas : j'ai vu nos meilleurs agents tomber parce qu'ils avaient été indiscrets avec une femme (Vailland, Drôle de jeu,1945, p. 55):
1. ... il ne se passait pour ainsi dire pas de jour sans que le commandant de l'armée d'Orient ne me signalât l'effervescence qui régnait à Salonique, le courant germanophile qui entravait son action et le vaste réseau d'espionnage qui l'avait amené (...) à procéder à l'arrestation des consuls des puissances ennemies. Joffre, Mém.,t. 2, 1931, p. 189.
Spéc., domaine milit.Service, bureau d'espionnage. Organisation chargée de recueillir les secrets des puissances étrangères ou ennemies. La compagnie Maggi, qui est une officine d'espionnage allemand! (Aragon, Beaux quart.,1936, p. 217).
P. anal. Espionnage industriel. Action de recueillir clandestinement des renseignements sur les secrets de fabrication d'un concurrent. On met au point un nouveau prototype qui reste environné du plus grand mystère par crainte de l'espionnage industriel (Le Figaro,4 mars 1961).
B.− P. ext., au sing. ou au plur.
1. Fait d'observer clandestinement (quelque chose ou quelqu'un) au profit de quelqu'un. (Quasi-)synon. surveillance.Baccarat prenait ses renseignements, Fernand Rocher, qui ne se doutait nullement de l'espionnage dont il était l'objet, montait lestement au troisième étage (Ponson du Terr., Rocambole,t. 1, 1859, p. 115).Le Comité de salut public ne s'inquiétait que de la police, des espionnages, des dénonciations et des conspirations (Erckm.-Chatr., Hist. paysan,t. 2, 1870, p. 322).Il [l'empereur] adorait l'espionnage, tout le travail souterrain de la police (Zola, E. Rougon,1876, p. 292).
2. Fait d'observer secrètement (quelque chose ou quelqu'un) à son profit. (Quasi-)synon. surveillance.Mais Charlotte et son espionnage nous brouilleront (Constant, Journaux,1812, p. 376).Quand elle arriva, il joua la douceur, il ne lui parla pas de son espionnage du matin (Zola, Th. Raquin,1867, p. 220):
2. Cette préférence me vaudra des coups d'épingle en dessous, des rapports sournois à Mlle Sergent, et des espionnages quand je causerai avec Mlle Lanthenay. Colette, Cl. école,1900, p. 35.
Prononc. et Orth. : [εspjɔna:ʒ]. Ds Ac. dep. 1798. Étymol. et Hist. Fin xvies. espionnaige (Carloix, Mém. de Vieilleville, éd. 1757, IV, 252 ds Barb. Misc. 9, no15), attest. isolée; 1755 espionnage (Montesquieu, Esprit des lois, t. 2, p. 135). Dér. de espionner*; suff. -a(i)ge*. Fréq. abs. littér. : 267. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 279, b) 190; xxes. : a) 720, b) 361.