| ESCAPADE, subst. fém. A.− Action de s'échapper d'une dépendance, de se dispenser d'une obligation, de se dérober à son devoir soit par un départ, soit par une rupture du train normal de la vie, en vue d'un plaisir, de la satisfaction d'un caprice. Faire une escapade; escapade d'écolier. (Quasi-) synon. échappée, évasion, frasque, fugue.Mais s'il savait vos escapades avec Don José (Ponson du Terr., Rocambole,t. 4, 1859, p. 220): 1. Moins novice qu'Hyacinthe et plus tourmenté par le sang, il était aussi moins vertueux, et les mauvaises langues prétendaient qu'il se permettait de temps à autre quelques escapades à Cythère; mais il se montrait sur ce point fort secret et réservé, et il y a lieu de croire que ses aventures galantes se bornaient à de brèves et brusques amourettes de chasseur.
Theuriet, Mais. deux barbeaux,1879, p. 10. − Spéc., ÉQUIT. Action d'un cheval qui s'emporte subitement, pointe et refuse d'obéir à son cavalier. (Quasi-) synon. écart.Ce cheval est sujet à faire des escapades (Ac. Compl.1842). Rem. Attesté aussi ds Besch. 1845, Lar. 19e-20e, Littré, Guérin 1892, DG et Quillet 1965. B.− Au fig. Action de s'échapper des règles de la bienséance, de la morale, du bon sens, du devoir. Vous que je prenais pour un lion, vous fuyez comme un lièvre. Après une pareille escapade, quelle foi puis-je ajouter à vos paroles? (Sandeau, Sacs,1851, p. 60).Il faut choisir (...) fût-ce au prix de quelque entorse aux principes établis dont on vous a soigneusement gavé, de quelque escapade hors (...) des parcours intransgressibles (Arnoux, Solde,1958, p. 130): 2. Dans toutes les sociétés, il se trouve des individus qui s'écartent de la norme sexuelle admise. Certaines de ces déviations sont sévèrement condamnées et parfois même punies de mort; d'autres sont excusées et finissent par être considérées non plus comme de simples escapades mais comme de vrais mariages.
Lowie, Anthropol. cult.,1936, p. 265. Prononc. et Orth. : [εskapad]. Enq. : /eskapad/. Ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1575 « action de s'échapper » (Brantôme, Couronnels françois, VI, 99-100 ds Hug.). Empr., malgré le léger décalage chronol., à l'esp. escapada « id. » (dep. 1630, H. Paravicino ds Al.) plutôt qu'à l'ital. scappata dont le sens au xvies. était « erreur » (B. Davanzati ds Tomm.-Bell.). Escapada et scappata sont réciproquement part. passés fém. substantivés de escapar et scappare (échapper*). Fréq. abs. littér. : 157. Bbg. Hope 1971, p. 188. |