| ERMITAGE, subst. masc. A.− RELIG. Habitation d'un ermite, dans un lieu désert. Son ermitage est dans un creux de rocher (Ac.1932).Les innombrables cellules des ermites creusées dans les flancs du rocher, les chapelles. Ces ermitages sont suspendus sur des précipices qui semblent inabordables (Lamart., Voy. Orient,t. 2, 1835, p. 277).Comme un anachorète en son froid ermitage, Le Saint-Bernard, pieds nus, se couche en son cercueil (Quinet, Napoléon,1836, p. 218).Saint Eucharius s'était bâti un ermitage dans les bois près de Trêves (Hugo, Rhin,1842, p. 115). − P. ext. Résidence de religieux ermites. Il y avait autrefois un ermitage au mont Valérien, près de Paris (Ac.1878).Devant la maison un ermitage à portique de tuiles et clocheton de grès, avec une croix de pierre sur une colonne, en face de l'entrée (T'Serstevens, Itinér. esp.,1963, p. 249). B.− P. anal. 1. Lieu solitaire et écarté : ... quand mes parents décidèrent de s'installer dans un cinquième, rue de Rennes, je me rappelle mon désespoir : « les gens qui se promènent dans la rue, je ne les verrai plus! » On me coupait du monde, on me condamnait à l'exil. À la campagne peu m'importait d'être reléguée dans un ermitage : la nature me comblait; à Paris, j'avais faim de présences humaines...
Beauvoir, Mém. j. fille,1958, p. 56. − En partic. Maison de campagne écartée et champêtre. J'ai éprouvé ce soir un grand plaisir à rentrer dans mon petit ermitage, à m'y trouver seul (Delécluze, Journal,1825, p. 234).Sand se confine, un peu à dessein, dans le plus petit monde possible, dans son ermitage de Nohant, dans le groupe social le plus réduit (Barrès, Cahiers,t. 14, 1923, p. 228). Rem. Ermitage nom propre est surtout attesté comme nom de maison isolée, en particulier pour désigner l'habitation de Jean-Jacques Rousseau près de Montmorency. Suis allé ce 21 octobre (...) chercher la maison de Jean-Jacques, l'Ermitage à Montmorency. La maison où il écrivit « La Nouvelle Héloïse » (Barrès, ibid., t. 1, 1898, p. 207). Le lieu était « solitaire plutôt que sauvage ». L'Ermitage était à une lieue d'Épinay, à une demi-lieue de Montmorency (Guéhenno, Jean-Jacques, 1950, p. 136). 2. Spéc. Ermitage, nom propre. Coteau du bord du Rhône, où existait jadis une habitation d'ermite. Vin de l'Ermitage ou p. ell. ermitage. Vin provenant de ce coteau. Ah! Roquefinette, tu te fais vieux, mon ami... Il y a dix ans, rien qu'à goûter de ce vin (il boit), tu aurais vu tout de suite que c'est de l'ermitage de 1702 (A. Dumas père, Chev. d'Harmental,1849, II, 3, p. 241).Il était puissant, ce Hoggar 1880. Nous le dégustions dans de larges gobelets d'argent. Il était frais comme un vin du Rhin, sec comme un vin de l'Ermitage (Benoit, Atlant.,1919, p. 135). Prononc. et Orth. : [ε
ʀmita:ʒ]. Ds Ac. 1762-1932. Ds Ac. 1835 on admet également hermitage. Cf. aussi Nod. 1844, Besch. 1845 et Littré. Cf. ermite. Étymol. et Hist. 1160-70 ermitage (M. de France, Lais, Eliduc, éd. J. Rychner, 995). Dér. de ermite*; suff. -age*; cf. lat. médiév. hermitagium, 1130 ds Latham. Fréq. abs. littér. : 402. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 508, b) 317; xxes. : a) 678, b) 697. |