| ENVOI, subst. masc. A.− [En parlant d'une pers.; s'emploie surtout dans le domaine milit., en parlant de troupes] Action d'envoyer quelqu'un vers un lieu, une situation. Le Secrétaire d'État de la guerre envisageait l'envoi de cette division [d'infanterie] en Belgique (Joffre, Mém.,t. 1, 1931, p. 318).Il faut (...) le laisser s'enhardir, jusqu'à ce qu'il commette une faute impardonnable qui permettra son envoi en maison de correction (H. Bazin, Vipère,1948, p. 255). B.− [En parlant de choses] Action de faire partir quelque chose. 1. [À travers l'espace] Action de faire partir à une certaine distance une chose à laquelle on a communiqué une énergie. L'envoi de gaz lacrymogènes suffocants (...) dans les ravins et les dépressions du sol situés à l'arrière des lignes (Romains, Hommes bonne vol.,1938, p. 95). − Spécialement a) MAR. ou ART MILIT. Envoi des couleurs. Fait de hisser le pavillon national afin de lui rendre les honneurs et p. méton. la cérémonie qui accompagne cet envoi. Renaud m'avait dit qu'il viendrait me prendre pour l'envoi des couleurs, (...) mais voilà neuf heures et personne ne vient me chercher (Triolet, Prem. accroc,1945, p. 366). b) SP. Coup d'envoi. Premier coup donné au ballon pour engager la partie dans certains matchs (foot-ball, volley, etc.). Au début de la partie. − Le choix des camps et du coup d'envoi sera tiré au sort au moyen d'une pièce de monnaie (J. Mercier, Football,1966, p. 22). 2. En partic. [Par un intermédiaire] Action d'envoyer quelque chose à quelqu'un et p. méton. la chose qui a été envoyée. Envoi d'une lettre, d'un colis, de circulaires; envoi franco de port; envoi contre remboursement; lettre, bordereau d'envoi. Un négociant fait un envoi de marchandises d'Europe au Brésil (Say, Écon. pol.,1832, p. 149).Un homme, (...) se tenait au milieu de la pelouse, un petit panier en osier, comme ceux qu'on emploie pour l'envoi des fleurs, sous le bras (Triolet, Prem. accroc,1945p. 379): 1. Il écrivit un mot plein d'effusion à H. Euphrat, en lui envoyant un poème symphonique. L'autre lui fit répondre, par son secrétaire, une lettre froide, mais polie, lui accusant réception de son envoi...
Rolland, Jean-Christophe,La Révolte, 1907, p. 502. − Spécialement ♦ DR. Envoi en possession. ,,Autorisation donnée à un plaideur de s'emparer de la détention d'une chose litigieuse`` (Barr. Suppl. 1974). Si les héritiers dépossédés de la succession par la volonté du testateur forment opposition à l'envoi en possession, il y a procès (Balzac, Cous. Pons,1847, p. 306). ♦ LIBR. Envoi d'office. ,,Livraison d'un ouvrage dès sa parution, faite par un agent ou un éditeur à la suite d'une entente écrite ou d'une souscription; l'ouvrage ainsi envoyé`` (Rolland-Coul. 1969). En dehors des ouvrages qu'ils commandent, les libraires reçoivent les envois d'office, ainsi appelés parce qu'ils leur sont fournis d'office à la mise en vente, sans qu'ils les aient demandés (Civilis. écr.,1939, p. 1416). ♦ POÉS. ,,Vers placés à la fin de la ballade*, de la double ballade*, du chant* royal ou d'autres poèmes pour en faire hommage à quelqu'un. L'envoi commence souvent par Prince, reprend les rimes*, et le refrain des couplets, est égal pour le nombre des vers à la moitié du couplet (4 pour la ballade, 5 ou 7 pour le chant royal)`` (Bénac Dissert. 1972). Il s'est rendu témoignage à lui-même quand il a dit, dans l'envoi d'une ballade : Prince, voilà tous mes secrets (...) Je suis un poète lyrique (France, Vie littér.,t. 4, 1892, p. 232): 2. Envoi
Blanche Amie aux noirs cheveux lisses,
Nul Dieu n'est assez puissant pour
Me dire « il faut que tu pâlisses »,
Si je suis avec mon Amour.
Nouveau, Valentines,1886, p. 191. ,,Il se dit, p. ext., d'une Dédicace, soit en vers, soit en prose`` (Ac. 1932). − P. anal. Fait de faire parvenir, d'adresser à quelqu'un un signe ou la manifestation d'un sentiment. Je la vis [ma maîtresse] aux clartés de la lune debout et immobile dans le cadre de la fenêtre (...) À l'envoi de mon baiser elle répondit par un léger mouvement d'épaules (Feuillet, Paris.,1881, p. 92).Envois de saluts, réponses de sourires (Rostand, Cyrano,1898, I, 2, p. 19). Rem. On rencontre ds la docum. un ex. où envoi est synon. de renvoi, éructation. Ils sont là [les vieux invités] (...) sanglés dans des pantalons tendus, retenant les envois d'une digestion pénible (Huysmans, En mém., 1881, p. 4). Prononc. et Orth. : [ɑ
̃vwa]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. Ca 1165 envei « action d'envoyer » (B. de SteMaure, Troie, 24635 ds T.-L.); ca 1350 envoy « demi-strophe terminale d'une ballade » (Guill. de Machaut, Poésies lyriques, éd. V. Chichmaref, I, 117, 46). Déverbal de envoyer*. Fréq. abs. littér. : 933. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 1 151, b) 2 230; xxes. : a) 1 095, b) 1 131. |