| ENTRELACS, subst. masc. A.− Ornement composé de motifs dont les courbes s'entrecroisent et s'enchevêtrent : 1. Il [le Charles IX de Clouet] est là tout entier, aussi réel que s'il posait devant vous, dans son justaucorps de velours noir rayé d'entrelacs d'or...
Gautier, Guide de l'amateur au musée du Louvre,1872, p. 164. 2. Toute une plastique différente s'élabore de ce fait; elle joue surtout sur le graphisme et la tache (...) elle explique les entrelacs et les sinuosités de la miniature irlandaise et du décor viking, aussi bien que les motifs tourbillonnants de la Polynésie; elle anime encore en notre temps les emportements jaillissants d'un André Masson, ou de peintres abstraits plus récents tels que Hartung, Soulages, Mathieu ou Michaux...
Huyghe, Dialogue avec le visible,1955, p. 191. B.− P. anal. Réseau formé de fils, de branches, se croisant les uns les autres. Frédéric la saisissait [la main], doucement; et il contemplait l'entrelacs de ses veines, les grains de sa peau, la forme de ses doigts (Flaub., Éduc. sent.,t. 2, 1869, p. 91).Le ciel limpide parmi les entrelacs de la vigne et des roses (Rolland, J.-Chr.,Buisson ard., 1911, 1343). − Au fig. Enchevêtrement, imbrication. Si vous vous donniez la peine d'embrasser cet ensemble, vous tireriez de l'entrelacs de tant de faits grands et petits de bien frappantes conclusions (Gobineau, Corresp.[avec Tocqueville], 1850, p. 150).Je connais si bien le réseau nerveux, l'entrelacs de mes défauts et de mes qualités! (Du Bos, Journal,1926, p. 32): 3. L'entrelacs des intérêts privés, collectifs et étatiques et la compénétration de la recherche, des études et des réalisations défie toute procédure d'imputations.
Perroux, L'Écon. du XXes.,1964, p. 272. Rem. Le sing., rare au xixes., semble apparaître pour les 1resfois chez Gobineau (loc. cit.) et Flaubert (loc. cit.). La généralisation de l'emploi du composé au sing. a posé le problème orth. de l's final; la graph. entrelac reste exceptionnelle : l'entrelac de leurs esprits (Bloy, Désesp., 1886, p. 26). Tout cet entrelac de joie, de douleur, de haine, d'amour (Kahn, Conte or et sil., 1898, p. 125). Il ne reste à mon cœur que l'entrelac de ces mains ingénues (Aragon, Rom. inach., 1956, p. 24). Prononc. et Orth. : [ɑ
̃tʀ
əlɑ], sauf DG qui transcrit la finale avec [a] ant. Cf. lacs. c final est muet (cf. lettre C). Le mot est admis ds Ac. 1694-1932. Cf. entre-. Étymol. et Hist. 1174-87 antrelas « entrelacements (ici, des cordes d'un lit) » (Chr. de Troyes, Perceval, éd. F. Lecoy, 7446); 1671 spéc. archit. entrelas des appuis des fenestres (Comptes des bâtiments du Roy, col. 512 ds Havard). Déverbal de entrelacer*, avec infl. de la graphie de lacs*. Fréq. abs. littér. : 59. |