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ENTONNOIR, subst. masc.
A.− Ustensile de forme conique, terminé par un tube et servant à transvaser un liquide ou un corps fluide. Entonnoir automatique; entonnoir pour bouteilles; entonnoir à faire du boudin. Entonnoir de bois, de fer-blanc (Ac.). Le maïs versé dans l'entonnoir est avalé (Pesquidoux, Chez nous,1921, p. 48).
B.− P. anal.
1. [En parlant de ce qui, dans la nature, prend la forme d'un entonnoir] L'entonnoir d'un gouffre, d'un maelström; un ciel, un lac, une vallée en entonnoir. À cet endroit, les montagnes forment un vaste entonnoir (Balzac, Œuvres div.,t. 3, 1836-48, p. 255).Le terrain s'affaisse en entonnoir, comme si on l'avait creusé pour y forer un puits (Du Camp, Nil,1854, p. 274).
2. [En parlant de cavités artificielles] Entonnoirs de mines, d'obus. Un entonnoir de 155 (Montherl., Songe,1922, p. 154):
... c'est un colossal entonnoir formé d'entonnoirs juxtaposés, une fantastique bouche de volcan creusée là par le canon. Barbusse, Le Feu,1916, p. 274.
Loc. et expr.
À entonnoir. Un cavalier (...) chaussé galamment de bottes à entonnoir (France, P. Nozière,1899, p. 5).Camille (...) chaussait avec rage ses mains nues de gants à entonnoirs (Colette, Chatte,1933, p. 117).
En entonnoir. Qui a, qui prend la forme d'un entonnoir. Un grand muscle en entonnoir, qui embrasse le nerf optique (Cuvier, Anat. comp.,t. 2, 1805, p. 427).On entendait (...) les guichets en entonnoir aspirer vers les caves les petites économies gauloises (Morand, Lewis,1924, p. 7).Il met les mains en entonnoir autour de sa bouche, il crie (Sartre, Mort ds âme,1949, p. 106).P. métaph. Ce diable de peintre [Picasso], à l'œil (...) gauche, en entonnoir, tourné en dedans, incisif, impitoyable (Cendrars, Bourlinguer,1948, p. 187).
Fam. Gosier. Sable, éponge, outre, entonnoir, barrique, siphon, sac à vin, tu excites ma pitié (Gautier, Fracasse,1863, p. 156).Entonnoir en zinc. ,,Palais habitué aux liqueurs fortes`` (Rigaud, Dict. jargon paris., 1878, p. 134).
Prononc. et Orth. : [ɑ ̃tɔnwa:ʀ]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. Fin xies. judéofr. entonedoir (Raschi, Gl., éd. A. Darmesteter et D. S. Blondheim, t. 1, p. 47); xiiies. (Rel. commerciales entre la France et la Flandre, 163, Finot ds R. Hist. litt. Fr. t. 11, p. 507). Dér. du rad. de entonner1*; suff. -oir*. Fréq. abs. littér. : 242. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 378, b) 516; xxes. : a) 254, b) 276. Bbg. Lew. 1960, p. 159.