| ENTAILLE, subst. fém. A.− Coupure pratiquée dans un corps solide (bois, fer, pierre, etc.) ou dans un objet, et qui enlève une partie. Faire des entailles dans une poutre (Ac.). Il crut remarquer sur certains rochers des entailles creusées par la main de l'homme (Dumas père, Monte-Cristo,t. 1, 1846, p. 281): Chacun d'eux faisait d'abord une coche profonde dans le bois, frappant patiemment au même endroit pendant quelques secondes, puis la hache remonta brusquement, attaquant le tronc obliquement un pied plus haut et faisant voler à chaque coup un copeau épais comme la main et taillé dans le sens de la fibre. Quand leurs deux entailles étaient près de se rejoindre, l'un d'eux s'arrêtait et l'autre frappait plus lentement, laissant chaque fois sa hache un moment dans l'entaille; ...
Hémon, Maria Chapdelaine,1916, p. 59. ♦ P. métaph. Il y a une large entaille dans le catholicisme, soit. Oserez-vous dire que le génie catholique est tout à fait éteint? (Barrès, Cahiers,t. 8, 1909-11, p. 177). − ARBORIC. Incision pratiquée sur un arbre afin d'en extraire la sève. Les cerisiers, auxquels il avait fait des entailles, produisirent de la gomme (Flaub., Bouvard, t. 1, 1880, p. 41). − P. ext., GÉOL. Fente naturelle dans le sol; crevasse. Il [le gouffre] n'en fut jamais de plus effroyable : on ose à peine le regarder. L'entaille part de la pointe même du pic (Dusaulx, Voy. Barège,t. 1, 1796, p. 240). − P. méton., TECHNOL. Pièce de bois fendue destinée à maintenir la scie pendant qu'on l'affûte. Entailles à limer les scies (Nosban, Manuel menuisier,t. 2, 1857, p. 194). B.− P. anal. Blessure, coupure plus ou moins profonde faite par un instrument tranchant. Sous le menton, la blessure bâillait, affreuse, une entaille profonde qui avait coupé le cou (Zola, Bête hum.,1890, p. 50).On lui avait fait une grande entaille dans le cou, qu'un homme élargissait en y mettant le pied (Montherl., Bestiaires,1926, p. 564). Prononc. et Orth. : [ɑ
̃taj] et [ɑ
̃tɑ:j]. Enq. : /ãtaj/. Ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. Ca 1150 « incrustation » (Thèbes, éd. Raynaud de Lage, 5001); 1798 « coupure dans les chairs » (Ac.). Déverbal de entailler*. Fréq. abs. littér. : 149. |