| ENRUBANNER, verbe trans. A.− [Le suj. désigne une pers.] Couvrir, parer quelque chose de rubans : Elle [Rij] passait sa journée et sa nuitée dans un fauteuil capitonné, fabriqué spécialement pour elle et qu'elle ne cessait d'ornementer, d'enrubanner, lui tressant des faveurs, des nœuds, des lacets d'or et d'argent, des broderies, des dentelles...
Cendrars, Bourlinguer,1948, p. 83. − En partic. Décorer d'un ou plusieurs ordres. Il m'importe fort peu, je le dis en toute franchise, que Zola soit ou non enrubanné de rouge (Clemenceau, Iniquité,1899, p. 369). − P. métaph. Ces ingénieux Parisiens ne s'étaient-ils pas avisés de maquiller le terrible vieux [Gluck]! Ils le paraient, ils l'enrubannaient, ils ouataient ses rythmes (Rolland, J.-Chr.,Maison, 1909, p. 1031). B.− [Le suj. désigne un ornement] La banderole de Hartmann : « passe avant li meillor » enrubannait une bouteille peinte en émail d'or sur laque blanche (Hamp, Marée,1908, p. 212). − Emploi pronom. à sens passif, p. métaph. Quand les supports de la cathédrale s'enrubannent dans les méandres de la complication sentimentale, quand la sculpture anecdotique noie les profils du monument, le portrait se complaît dans sa solitude (Faure, Espr. formes,1927, p. 201). − P. anal. L'eau s'étalait, miroitait, enrubannait les prés clairs (La Varende, Saint-Simon,1955, p. 154). ♦ Emploi pronom. passif. Clovis se retourna et vit une flamme se dresser sur l'estrade. Elle s'enrubanna autour du cinématographe (Morand, Fin de s.,1957, p. 151). − Au fig. Synon. de parer.Pour « l'ouvreuse du cirque d'été ». Amandine envers vous ou Jeanne Comme je me sens endetté Que nul de mes vers n'enrubanne L'ouvreuse du cirque d'été (Mallarmé, Vers circonst.,1898, p. 160). ♦ Emploi pronom. passif. Ma lettre va vous détromper, elle s'est enrubannée de jolies choses en passant par Paris (Bernanos, Lettres inéd.,1904, p. 1723). Rem. La docum. atteste les dér. rares. a) Enrubannement, subst. masc. Action d'enrubanner; résultat de cette action. P. anal. « Cerisier merisier », avec son enrubannement coupé de nœuds (Goncourt, Journal, 1889, p. 1053). b) Enrubaniser (s'), verbe pronom. Se parer. Au fig. La société se reconstitua, se rebaronifia, se recomtifia, s'enrubanisa (Balzac,
Œuvres div., t. 2, 1830-35, p. 157). Prononc. et Orth. : [ɑ
̃
ʀybane]. Ds Ac. dep. 1878. Land. 1834 et Gattel 1841 écrivent enrubaner; v. aussi, entre autres ex. de cette forme, Taine, Notes Paris, 1867, p. 163, s.v. enrubanné. Étymol. et Hist. 1372 enrubaner (Documents et extraits divers concernant l'histoire de l'art dans les Flandres..., éd. Chr. Dehaisnes, t. 1, p. 511); rare av. 1770 (F. Galiani, Dialogues sur le commerce des bleds, p. 110). Dér. de ruban*; préf. en-*; dés. -er. Fréq. abs. littér. : 8. |