| ENROUER, verbe trans. A.− [Le compl. d'obj. ou le suj. désignent les productions vocales] Rendre rauque et voilé. La colère a enroué sa voix. Anton. désenrouer, éclaircir.Elle cria d'une voix que l'indignation enrouait : − Cosette! (Hugo, Misér.,t. 1, 1862, p. 491). − Emploi pronom. Chant, rire qui s'enroue. En répétant d'une voix qui s'enrouait : ... (Zola, Joie de vivre,1884, p. 1071).J'ai faim mes cris s'enrouent (Apoll., Alcools,1913, p. 100). − P. ext. [Le compl. d'obj. désigne l'appareil vocal] Altérer par une inflammation. L'atmosphère glaciale du salon pénétrait les os, enrouait les gorges (Maupass., Une Vie,1883, p. 98): Le vent froid de la nuit pourrait enrouer vos précieux organes, et quelque modeste que soit ma demeure, vous y serez toujours mieux qu'en plein air.
Gautier, Le Capitaine Fracasse,1863, p. 167. B.− [Le compl. d'obj. ou le suj. désignent une pers.] Rendre rauque la voix de (quelqu'un). Cette dispute m'a enroué. À manger, criait-il, la piquette m'enroue! (Bouilhet, Melaenis,1857, p. 142). − Emploi pronom., plus cour. L'arrivée de nouveaux camions renouvelait la vente. Les crieurs s'enrouaient (Hamp, Marée,1908, p. 62).Ceci ne va pas sans des accidents vocaux inévitables : dès la fin du premier acte il s'enroue (Gracq, Beau tén.,1945, p. 106). ♦ P. anal. Produire un son rauque. Dans cette grande plaine où l'autan froid se joue, Où par de longues nuits la girouette s'enroue (Baudel., Fl. Mal,1857, p. 175). Prononc. et Orth. : [ɑ
̃
ʀwe]. Ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. Av. 1150 « devenir rauque » (Lapidaire de Marbode, 132 ds T.-L.). Dér. de l'a. fr. ro (1remoitié xiies. ds T.-L.) du lat. class. raucus « rauque »; préf. en-*; dés. -er. Fréq. abs. littér. : 33. |