| ENGENDREMENT, subst. masc. A.− Action d'engendrer; résultat de cette action. (Quasi-)synon. génération, genèse. 1. En gén. [À propos de la matière, etc.] Production, apparition (d'un phénomène vital). Les phénomènes physico-chimiques sont inséparables des phénomènes vitaux et même psychiques, mais il n'y a pas engendrement des phénomènes vitaux par les chimiques; il n'y a que parallélisme (Bernard, Principes méd. exp.,1878, p. 149).D'après Bacon, les êtres organisés peuvent naître du limon, de l'eau (...) L'engendrement ou « vivification » se produit de préférence dans les substances « glutineuses et extensibles » (J. Rostand, Genèse vie,1943, p. 12). 2. [À propos d'êtres gén. hum.] Action de donner la vie (à un être de même espèce, généralement par voie sexuée); résultat de cette action. Un de vos enfants n'est pas à vous. (...) C'était l'unique vengeance que j'eusse contre vous, contre votre abominable tyrannie de mâle, contre ces travaux forcés de l'engendrement auxquels vous m'avez condamnée (Maupass., Contes et nouv.,t. 1, Inutile beauté, 1890, p. 1151).Vous vous marierez pour l'amour et non pour l'engendrement (La Varende, Am. Bonneville,1955, p. 81). − P. anal., MYTH. L'engendrement d'Orion, avec les dieux agenouillés sur la peau de bœuf et s'occupant, de la main, à fabriquer leur fils (Flaub., Tentation,1849, p. 389). B.− P. métaph. et au fig. 1. [Le compl. désigne une chose concr.] Action de donner forme, réalité (à quelque chose); résultat de cette action. L'engendrement d'industries par d'autres industries (...) soit qu'il s'agisse d' « industries satellites » (...) soit d'industries non satellites, c'est-à-dire qui ne sont ni dominées par l'industrie-mère, ni même techniquement très dépendantes de l'industrie-mère (Perroux, Écon. XXes.,1964, p. 260). Rem. Pour l'emploi en math., cf. engendrer ex. 4. 2. [Le compl. désigne une chose abstr.] Action d'inspirer (un sentiment), d'élaborer (un concept, etc.). De la souffrance ces larves passent au crime; filiation fatale, engendrement vertigineux, logique de l'ombre (Hugo, Misér.,t. 1 1862, p. 857).Ces engendrements de concepts issus d'intelligences désincarnées − puis vivant de leur vie propre en dehors du temps et de l'espace, nouent d'étranges chaînes (L. Febvre, Combats pour hist.,Leur hist. et la nôtre, 1938, p. 278).Il est certaines rencontres (...) qui vraiment opèrent comme au cœur du vouloir une conversion qui a la portée d'un véritable engendrement spirituel. Ces rencontres sont créatrices de liberté (Ricœur, Philos. volonté,1949, p. 123): L'avenir est une religion, comme pour la mère son fils à naître. Quel acte? Acte d'amour et de génération, qui fait ce qu'il aime. L'avenir, c'est l'aimé et le désiré, non l'aimé du caprice, du hasard, du possible, mais l'aimé dans l'engendrement de causalité légitime, aimé dans la raison souveraine qui accorde avenir et passé.
Michelet, Journal,1845, p. 591. − Spéc., LING. (gramm. générative). ,,Énumération explicite au moyen de règles. Production à l'infini d'énoncés à partir d'un ensemble fini de signes et moyennant des règles de production`` (Média 1971). Prononc. : [ɑ
̃
ʒ
ɑ
̃dʀ
əmɑ
̃]. Étymol. et Hist. 1130-40 (Wace, La Conception Nostre Dame, éd. W. Ray-Ashford, 121). Dér. de engendrer*; suff. -(e)ment1*. Fréq. abs. littér. : 19. |