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ENFOUIR, verbe trans.
A.− Emploi trans. [Le compl. d'obj. désigne un inanimé ou un ex-animé]
1. Mettre en terre dans un trou creusé à cet effet et rejeter de la terre par-dessus pour le cacher. Enfouir du fumier, une charogne, un cadavre; enfouir un trésor. Il grava un nom sur une plaque de cuivre et il l'enfouit dans le sable au seuil de sa tente (Flaub., Salammbô,t. 1, 1863, p. 33).On défonçait le dallage des cours pour y enfouir quatre ou cinq plants de pommes de terre (Van der Meersch, Invas. 14,1935, p. 322).
2. P. ext. Placer dans un endroit profond ou secret et entasser d'autres choses par-dessus. Enfouir des documents au fond d'une armoire, d'un tiroir. M. Amonin lui proposa d'enfouir dans un des panneaux de la boiserie une assez grande quantité d'argenterie et de bijoux (Sand, Hist. vie,t. 1, 1855, p. 67).Il enfouit le pneumatique dans sa poche : sûrement un emmerdement en perspective (Beauvoir, Mandarins,1954, p. 458).
En partic. [Le compl. d'obj. désigne une partie du corps] Cacher dans ou sous quelque chose dans un but de protection. Enfouir ses mains dans ses poches, son visage dans ses mains; enfouir sa tête dans un oreiller. Au fond de son grand lit à colonnes, Sarah [Bernhardt] est enfouie sous des couvre-pieds de satin blanc bordé de cygne (Loti, Journal,1778-81, p. 120):
1. ... je me plongeais dans l'eau pour éteindre sur moi la brûlure de la volupté, enfouissant mon visage et mes lourdes paupières dans ce tombeau de parfums qu'est un bouquet de fleurs froides... Montherlant, La Petite Infante de Castille,1929, p. 640.
3. Au fig. Tenir profondément caché ou secret. Enfouir un secret au fond de son cœur. L'auteur voudrait rassembler des contradictions, entasser des anachronismes, pour enfouir la vérité sous un tas d'invraisemblances (Balzac, Cabinet ant.,1839, p. 3).
Enfouir ses dons, ses talents. Ne pas utiliser les talents dont on est doué. Cf. J. Simon, Devoir, 1854, p. 42.
B.− Emploi pronom. à sens réfl. [Le suj. désigne un animé]
1. S'enfoncer dans un trou que l'on creuse dans la terre ou le sable. Nous allons retourner cette tortue sur le dos, et elle ne pourra plus s'enfouir (Verne, Île myst.,1874, p. 215).
Rare, p. anal. [Le suj. désigne un inanimé en relation avec de l'animé] :
2. Toutes les tombes sont pareilles (...). Seulement, à mesure qu'elles vieillissent, elles [les tombes] s'enfouissent et disparaissent, comme fait le souvenir qu'on a des morts. Flaubert, Corresp.,1850, p. 252.
2. P. ext. S'enfoncer dans ou sous quelque chose. S'enfouir sous les couvertures. S'enfouir dans une profonde bergère (Fromentin, Dominique,1863, p. 71).Miette vint avec sa pelisse; tous deux s'enfouissaient dans le large vêtement (Zola, Fortune Rougon,1871, p. 199).
Rare, p. anal. [Le suj. désigne un inanimé en relation avec de l'animé] Les fins cheveux cendrés remontés vers le sommet de la tête, allaient s'enfouir et se tordre dans la natte (Druon, Gdes fam.,t. 1, 1948, p. 155).
3. Au fig. Se réfugier dans un endroit reculé ou dans une activité absorbante. S'enfouir dans une campagne, une province; s'enfouir dans son travail, ses livres; s'enfouir dans son malheur. Je ne ressentis qu'un désir, celui de m'enfouir de nouveau dans le néant et l'oubli (Daniel-Rops, Mort,1934, p. 228):
3. Quand on a tout ce qu'il faut pour briller dans le monde, on ne s'enfouit pas dans une arrière-boutique; on se produit, on se fait voir. Reybaud, Jérôme Paturot,1842, p. 191.
Rem. La docum. atteste enfouissable, adj. Que l'on peut enfouir (supra A 1). Toute la richesse des Orientaux est mobilière, pour être enfouissable ou portative (Lamart., Voy. Orient, t. 2, 1835, p. 226).
Prononc. et Orth. : [ɑ ̃fwi:ʀ], (j')enfouis [ɑ ̃fwi]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. Ca 1050 enfodir « mettre en terre quelqu'un » (Alexis, éd. Ch. Storey, 120b); 2. 1614 « mettre au fond, en entassant d'autres choses par dessus », ici fig. « laisser inutile » (Hulsius). Du lat. vulg. infŏdīre, class. infodĕre « enterrer »; v. aussi fouir. Fréq. abs. littér. : 993. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 855, b) 1 578; xxes. : a) 1 653, b) 1 650.