| ENFONCEMENT, subst. masc. A.− Action d'enfoncer, de s'enfoncer. 1. Action de s'introduire, d'introduire quelque chose profondément; état qui en résulte. L'enfoncement de ses mains dans les poches de côté de son pantalon (Goncourt, Journal,1883, p. 289).À chaque enfoncement dans le flot, la tige de la pagaie prend appui sur la cuisse nue (Gide, Voy. Congo,1927, p. 688). − Au fig. Un enfoncement dans le passé (Goncourt, Journal,1871, p. 796).Dans l'enfoncement du sommeil (Alain-Fournier, Corresp.[avec Rivière], 1908, p. 337). 2. Action de forcer, de défoncer quelque chose; état qui en résulte. Un bruit rapproché (...), provenant du brisement et de l'enfoncement des caisses (Balzac, Mmede La Chanterie,1850, p. 319).Dans les fractures avec enfoncement (G. Gérard, Anat. hum.,1912, p. 373). − P. anal. [En parlant d'une armée, d'une troupe] Renversement, déroute. Enfoncement de la 5earmée anglaise (Foch, Mém.,t. 2, 1929, p. 3). ♦ Au fig. L'enfoncement de l'artiste par la femme (Flaub., Corresp.,1867, p. 340): 1. Le général Valazé a été élu à une majorité écrasante, plus de 40 000 voix, sur le sieur Desgenetais dont l'enfoncement m'est agréable, je ne sais pourquoi.
Flaub., Corresp.,1873, p. 87. B.− P. méton. 1. Dépression, creux. Une vague apparence d'ibis, encore augmentée par l'enfoncement des épaules (Gautier, Rom. momie,1858, p. 154).L'assassin Louvel, à l'homicide enfoncement des yeux (Goncourt, Journal,1895, p. 874): 2. Je distingue à peine, après l'avoir touché, l'encadrement et le trou du créneau devant ma figure, et ma main avertie rencontre, dans un enfoncement aménagé, un fouillis de manches de grenades.
Barbusse, Le Feu,1916, p. 244. − En partic., GÉOMORPHOLOGIE. C'est ce qui creuse les grands enfoncements en forme de cirques (Michelet, Journal,1858, p. 437).Les saillies et les enfoncements des vallées (Amiel, Journal,1866, p. 213). 2. Partie située en arrière, en retrait d'une autre. Dans l'enfoncement d'une falaise blanche comme le lait (Bern. de St-P., Harm. nat.,1814, p. 186).Sans apercevoir autre chose, à chaque échappée, que des enfoncements de feuillage (Zola, Nana,1880, p. 1255): 3. ... chaque heure nous fait un peu plus bêtes, un peu plus lâches, un peu plus abominables devant le seigneur Dieu, qui nous regarde des enfoncements du ciel! ...
Bloy, Le Désespéré,1886, p. 182. − En partic. ♦ ARCHIT. Niche, renfoncement. Dans l'enfoncement du lit (Sainte-Beuve, Volupté,t. 1, 1834, p. 74).Elle retira sa main et aperçut dans l'enfoncement d'une loge un homme penché vers une jeune femme (Chardonne, Épithal.,1921, p. 185): 4. ... c'était Odette; elle lui expliqua plus tard que n'ayant pas trouvé de place chez Prévost, elle était allée souper à la Maison Dorée dans un enfoncement où il ne l'avait pas découverte, et elle regagnait sa voiture.
Proust, Du côté de chez Swann,1913, p. 231. ♦ PEINT. Fond qui suggère une profondeur. (Ton excellent pour les bords d'ombres ou pour les enfoncements qu'on rend chauds ou froids à volonté) (Delacroix, Journal,1851, p. 431). Prononc. et Orth. : [ɑ
̃fɔ
̃smɑ
̃]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. Av. 1474 fig. « pénétration » (Chastellain, Chron., éd. Kervyn de Lettenhove, t. 4, p. 17, 4); 1550 « action ou fait d'enfoncer » (Arch. Compiègne, BB 21, trav. 1 ds Gdf. Compl.); 2. 1548 « partie en retrait » (Artistes et monuments de la Renaissance en France, éd. M. Roy, t. 1, p. 263). Dér. du rad. de enfoncer*; suff. -ment1*. Fréq. abs. littér. : 254. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 657, b) 508; xxes. : a) 219, b) 114. |