| ENDIMANCHER, verbe trans. A.− [L'obj. désigne une pers.] 1. Revêtir quelqu'un de ses habits du dimanche*. Des enfants habillés de mises bas, qu'on endimanche aux fêtes (Goncourt, Man. Salomon,1867, p. 255). − Emploi pronom. Synon. fam. se mettre en (habit de) dimanche; synon. pop. se saper.C'est fête et chacun s'est endimanché (Gide, Carnets Égypte,1939, p. 1049). ♦ P. métaph. Synon. de s'enjoliver.Quant à l'histoire elle s'était endimanchée (Sartre, Mots,1964, p. 35). 2. P. ext. Revêtir quelqu'un d'habits trop apprêtés dans lesquels il n'est pas à l'aise ou manque de naturel. (Quasi-)synon. affubler, costumer : ... pour nous habiller, on nous endimanchait; l'austérité des coiffures, les couleurs violentes ou sucrées des satins et des taffetas éteignaient tous les visages.
Beauvoir, Mémoires d'une jeune fille rangée,1958, p. 152. − P. métaph. L'excès d'art parnassien qui endimanche le vers, le paralyse, lui donne la physionomie parée et maussade de l'enfant à qui on a dit : « Ne te salis pas... » (A. Daudet, Crit. dram.,1897, p. 313). 3. [P. méton. du suj., qui désigne un vêtement] Donner un air de dimanche ou un air emprunté. Un costume de velours bleu qui l'endimanchait (Dabit, Hôtel,1929, p. 181).Emploi abs. Ce qui est neuf « endimanche », parce qu'il n'est à personne (Sartre, Être et Néant,1943, p. 684). B.− [L'obj. désigne un lieu] Parer, orner comme pour un dimanche, donner un air de fête à. Un sacristain préoccupé de gazes, de coussins, de tout ce qui sert à endimancher son église (Renan, Église chrét.,1879, p. 424). Prononc. et Orth. : [ɑ
̃dimɑ
̃
ʃe], (j')endimanche [ɑ
̃dimɑ
̃:ʃ]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. 1572 inf. « revêtir les habits du dimanche » (J. de La Taille, La Rustique amie, fo69 vods Gdf. Compl.); 1611 part. passé adj. (Cotgr.); 2. 1818 part. passé adj. « habillé gauchement » (Stendhal, Journal, p. 259); 3. 1831 « orner pour une fête » (Balzac, Peau chagr., p. 290). Dér. de dimanche*; préf. en-*; dés. -er. Fréq. abs. littér. : 9. DÉR. Endimanchement, subst. masc.,rare. Action d'endimancher ou de s'endimancher; p. méton. état qui en résulte. Un air d'endimanchement mélancolique, de triste fête (Loti, Galilée,1896, p. 72).Des endimanchements à canotiers et grands chapeaux à plumes (Aragon, Beaux quart.,1936, p. 488).− [ɑ
̃dimɑ
̃
ʃmɑ
̃]. − 1reattest. 1843 « état d'une personne endimanchée » (R. Topffer, Voyages en zigzag ds Littré); du rad. de endimancher, suff. -(e)ment1*. − Fréq. abs. littér. : 6. BBG. − Darm. 1877, p. 96 (s.v. endimanchement). − Duch. Beauté 1960, pp. 98-99. |