| ENCOFFRER, verbe trans. A.− [Le compl. d'obj. désigne une somme d'argent, des valeurs, des biens précieux] Enfermer dans un coffre. Il pourrait avoir un train de maison en rapport avec sa situation, il aime mieux encoffrer presque tout son revenu (Ac.1932). ♦ P. métaph. : 1. Mais vous, triste témoin des deux hymens, vous encoffrez les seize années que vous avez reçues à chaque union : présent de noces qui hâtera votre propre mariage avec une dame blanche, un peu maigre.
Chateaubriand, Mémoires d'Outre-Tombe,t. 2, 1848, p. 573. − P. ext. Mettre à l'abri, protéger : 2. J'ai retiré du trou mon argent, je l'ai caché dans mon matelas; comme j'avais peur, je l'ai mis dans ma poche; comme ma poche n'était pas sûre, je l'ai placé dans mon linge, je le sens là qui me touche le peau; je voudrais l'y coudre, le faire entrer dans ma chair, l'encoffrer dans mon cœur, être argent moi-même!
Flaubert, La Tentation de St Antoine,1849, p. 325 B.− S'approprier frauduleusement. Encoffrer l'argent qu'on est chargé de distribuer (Littré) : 3. Est-ce du Dieu qu'on voit à Versailles...
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Lâchant son ciel; disant : Paris vaut une messe;
Souple et doux, dispensant les rois de leur promesse,
Point janséniste, point pédant, point monacal;
Permettant à Sanchez d'effaroucher Pascal,
Au banquier d'encoffrer cent pour cent, à la femme
Laide, d'être méchante, et, belle, d'être infâme;
Hugo, Dieu,1885, p. 35. Prononc. et Orth. : [ɑ
̃kɔfʀe]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. 1382 « tenir enfermé dans un coffre » (Comptes du Clos des galées de Rouen, 111, Bréard ds R. Hist. litt. Fr. t. 11, p. 504); 2. 1590 « emprisonner » (Brantôme, Cap. franç., M. de Montmorency III, 362 ds Hug.). Dér. de coffre*; préf. en-*; dés. -er. Fréq. abs. littér. : 2. Bbg. Sain. Arg. 1972 [1907], p. 87. |