| ENCENSER, verbe trans. A.− Honorer en faisant brûler de l'encens : 1. Une nuée odorante bleuissait dans l'air, on encensait l'évêque, le clergé, l'autel, l'évangile, chaque personne et chaque chose à son tour, jusqu'aux masses profondes du peuple, de trois coups, à droite, à gauche, et en face.
Zola, Le Rêve,1888, p. 206. − Emploi abs. Agiter l'encensoir. Autour de lui les enfants de chœur encensaient, les chantres vociféraient (Flaub., Champs et grèves,1848, p. 300). ♦ P. anal., MAN. Secouer la tête de haut en bas, en parlant d'un cheval. Sitôt que le cheval encense, il prend peur et tire sur les rênes, parce qu'il s'y cramponne (Montherl., Bestiaires,1926, p. 424). − P. ext. ♦ Honorer d'un culte, d'une marque de respect religieux. Le christianisme a canonisé trois ou quatre femmes galantes (...) mais après leur pénitence, notez cela. Aujourd'hui, on voudrait nous les faire encenser impénitentes (Proudhon, Pornocratie,1865, p. 170). ♦ Littér. Parfumer, embaumer. L'oseille froissée, la sauge, le vert poireau encensent nos pas (Colette, Mais. Cl.,1922, p. 110). B.− Au fig. Louanger de façon excessive; flatter : 2. Et ce sont ces stupides « académies », (...) qui le [Beethoven] remettent à flot, en 1814, avec sa participation aux fêtes du Congrès, où il joue le « poète-lauréat », le musicien de cour, et se laisse encenser par les princes. Son art n'y a rien gagné. Mais il sort de là avec un petit pécule : ...
Rolland, Beethoven,t. 1, 1928, p. 40. − Emploi pronom. réciproque. Il valait mieux s'entendre et se congratuler, s'encenser les uns les autres, plutôt que de rappeler de rudes vérités (Van der Meersch, Invas. 14,1935, p. 494). − Emploi abs. Et c'est fini, vous voilà condamné (...) à rester au second plan du subalterne, à approuver, à applaudir, à admirer, à encenser, à vous prosterner (Hugo, Homme qui rit,t. 2, 1869, p. 37). Prononc. et Orth. : [ɑ
̃sɑ
̃se], (j')encense [ɑ
̃sɑ
̃:s]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. Ca 1100 (Roland, éd. J. Bédier, 2959); 2. 1666 part. passé « flatter de manière excessive » (Furetière, Le Roman bourgeois, éd. Colombey, p. 370); 3. 1838 man. (Ac. Compl. 1842). Empr. au lat. chrét.incensare « brûler de l'encens ». Fréq. abs. littér. : 176. |