| ENCENS, subst. masc. A.− Résine aromatique d'origine orientale, qui dégage une odeur caractéristique en brûlant, notamment utilisée dans les cérémonies religieuses. Fumée, grain, nuage, odeur, parfum d'encens. Les gestes liturgiques des prêtres balinais sont une danse exécutée dans la vapeur de l'encens (Cuisinier, Danse sacrée,1951, p. 95): 1. Et peut-être ne fut-elle [Mathilde] jamais plus loin de Dieu que dans ces momens où, entourée de torrens d'encens, de chants divins et d'images sacrées, il lui sembloit que ces parfums, ces voix et ces anges lui répétoient qu'elle ne pouvoit être digne du ciel qu'en demandant aussi la mort de Malek Adhel.
Cottin, Mathilde,t. 2, 1805, p. 253. ♦ Brûler, offrir (de) l'encens à qqn. Rendre hommage à quelqu'un grâce à l'encens : 2. Berthier portait une espèce de culte à ses amours : à côté de sa tente, il en avait toujours une autre aussi magnifiquement soignée que le boudoir le plus élégant; elle était consacrée au portrait de sa maîtresse, auquel il allait jusqu'à brûler parfois des encens.
Las Cases, Le Mémorial de Sainte-Hélène,t. 1, 1823, p. 132. − P. anal. ♦ BOT. ,,Nom vulgaire du romarin officinal`` (Littré). Rem. Attesté également ds DG et Guérin 1892. ♦ Littér. Senteur parfumée : 3. Je suis parti vers la mer assez éloignée, tenant les copies si précieuses que je venais de recevoir; et le soleil dans toute sa force, la route éblouissante, et ni l'azur, ni l'encens des plantes brûlantes ne m'étaient rien, tant ces vers inouïs m'exerçaient et me possédaient au plus vivant de moi.
Valéry, Variété III,1936, p. 15. B.− Au fig. Louange extrême, flatterie excessive : 4. André Lhéry, romancier connu, dépouillait avec lassitude son courrier... Lettres de femmes, pour la plupart, les unes signées, les autres non, apportant à l'écrivain l'encens des gentilles adorations intellectuelles.
Loti, Les Désenchantées,1906, p. 5. Rem. On rencontre ds la docum. le dér. encensier, subst. masc. a) Bot. Synon. de romarin officinal (attesté ds Ac. Compl. 1842, Besch. 1845, Littré, DG, Lar. 19e-20e, Rob. et Quillet 1965). b) Vx. liturg. Synon. de encensoir. De l'encens avec encensier et cuiller (Faral, Vie temps St Louis, 1942, p. 198). Prononc. et Orth. : [ɑ
̃sɑ
̃]. Passy 1914 indique, en outre, la var. [ɑ
̃sɑ
̃:s]. Grammont Prononc. 1958, p. 93, note cette prononc. pour le Midi; mais Buben 1935, § 217, souligne qu'il y a hésitation d'apr. Clédat, Bruneau et Nyrop et il cite D'Harvé : ,,Verlaine fait rimer ce vocable avec agaçants. Mais dans la conversation, on n'omet pas l's final``. Littré ajoute après la transcr. que le s se lie : un encens agréable [ɑ
̃sɑ
̃zagʀeabl̥]. Étymol. et Hist. Ca 1135 (Couronnement Louis, 730 ds T.-L.); 1626 plur. fig. (Pichou, Poésies sur la mort de Théophile ds Livet Molière). Empr. au lat. chrét.incensum « toute matière brûlée en sacrifice, encens ». Fréq. abs. littér. : 824. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 1 564, b) 1 420; xxes. : a) 1 279, b) 638. |