| EMPLETTE, subst. fém. A.− Vieilli. Achat de marchandises, d'objets d'usage courant et d'une valeur peu importante. Faire des emplettes; aller, venir aux emplettes. Elle me fit promettre (...) de venir la prendre le lendemain de bonne heure pour des courses d'emplettes, de visites (Sainte-Beuve, Volupté,t. 2, 1834, p. 11).Ces dames sont (...) à Genève, où elles font leurs emplettes de voyage (Augier, MmeCaverlet,1876, p. 462).Des filles, leur service de nuit terminé, venaient aux emplettes d'une botte de cresson (Hamp, Marée,1908, p. 56): 1. Quand le docteur, de bon matin, battait les rues, entrait chez les bijoutiers, les lingères, les modistes, des yeux se braquaient aux fenêtres, ses moindres emplettes étaient épiées, la ville entière savait, le soir, qu'il avait donné encore une capeline de foulard, des chemises garnies de dentelle, un bracelet orné de saphirs.
Zola, Le Docteur Pascal,1893, p. 181. ♦ Faire (l')emplette de qqc. Acheter quelque chose. Il avait fait emplette d'une machine à écrire pour économiser du temps (Martin du G., Devenir,1909, p. 57). Rem. On rencontre chez G. Sand la constr. faire emplette de qqc. à qqn. Le flageolet étant son instrument favori [du professeur], Hippolyte dut l'apprendre bon gré mal gré; on lui fit emplette d'un flageolet en buis (Hist. vie, t. 2, 1855, p. 371). − P. ext. Acquisition. Ma grand'mère, en lui confiant l'éducation de son fils, (...) faisait emplette du tyran, du sauveur et de l'ami de toute sa vie (Sand, Hist. vie,t. 1, 1855, p. 59).Il y a dans l'emplette des connaissances un grand risque (Blondel, Action,1893, p. 235). ♦ Au fig. Faire une mauvaise emplette. ,,Se tromper, commettre une erreur en choisissant une personne en vue d'une entreprise``. Vous avez fait là vraiment une belle emplette (Ac.1932). B.− P. méton. Objet acheté. Moi, j'étais au milieu de la chambre, chargé de toutes ses emplettes, ne sachant où les poser (Mérimée, Carmen,1847, p. 43): 2. ... il acheta un lot de bas de soie. Il revint chez lui, très enthousiasmé, et examina son emplette à la lumière.
Huysmans, Les Sœurs Vatard,1879, p. 164. Rem. On rencontre ds la docum. le verbe empletter, région. Faire des emplettes, acheter. Venu ici à l'effet d'empletter sans nombre, je me précipite dans un café d'où je vous écris ces lignes (Verlaine, Corresp., t. 3, 1869, p. 89). Un homme du pays, arrivé à sa hauteur, l'interpella en patois vendéen. − Tu t'en viens de Cholet? (...) Moi, j'ai empletté le bœuf (Morand, P. de Saligny, 1947, p. 162). Prononc. et Orth. : [ɑ
̃plet]. Enq. : /ãplet/. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1erquart xiiies. emploite « usage, application, résultat ou bénéfice possible » (Renclus de Molliens, Miserere, 197, 10 ds T.-L.); début xves. « achat » (Froissart, Chron., éd. G.T. Diller, CCLXVII, 1); ca 1610 emplette (Beroalde de Verville, Moyen de parvenir, p. 154 ds Gdf. Compl.). Issu, avec substitution ultérieure du suff. -ette* à la finale -oite, d'un b. lat. *implicta « usage, application » (REW3, no4313; FEW t. 4, p. 596) subst. formé sur la forme neutre plur. du part. passé ĭmplĭcātus ou ĭmplĭcĭtus du lat. implicare (employer*). Le passage du sens premier à celui de « achat » s'étant prob. fait chez les commerçants faisant usage de leur argent pour acheter de nouvelles marchandises. Fréq. abs. littér. : 187. Bbg. Hasselrot 20es. 1972, p. 11. − Pamart (P.). Attention!... Vie Lang. 1968, pp. 289-293. |