| * Dans l'article "EMMERDER,, verbe trans." EMMERDER, verbe trans. Trivial A.− Rare. Couvrir, souiller d'excréments : Du côté de Barcelonnette,
au solstice du printemps,
on lui offrait une omelette [au soleil]
et les prêtres d'Uitzilopotchli
emmerdaient sa statue,
(...).
Queneau, Si tu t'imagines,1952, p. 53. − Emploi pronom. réfl. à valeur subjective. La toute dernière définition de « pédéraste » : c'est un homme qui s'amuse là où les autres s'emmerdent (Goncourt, Journal,1886, p. 531). B.− Au fig., péj. [Gén. avec une valeur hyperbolique] 1. [Avec l'idée d'embarras, de contrariété] a) [Le suj. désigne une pers.] Importuner, déranger ou contrarier fortement (quelqu'un). Emmerder le monde; emmerder qqn jusqu'à la gauche. J'ai râlé; je me suis dit : « Tant pis pour eux, je les emmerderai jusqu'à la gauche, je ne comprendrai rien, je serai mufle » (Vailland, Drôle de jeu,1945, p. 89). − Emploi pronom. réfl. avec valeur subjective. S'emmerder avec qqc., s'emmerder à faire qqc.Se donner (inutilement) beaucoup de peine pour quelque chose. Pourquoi veux-tu t'emmerder avec ces histoires d'argent? (...), fais-moi donc confiance (Beauvoir, Mandarins,1954, p. 232). b) Rare. [Le suj. désigne une chose, un événement] Causer du tracas, de la contrariété (à quelqu'un). Maman prétend que ça t'emmerde de passer les vacances ici : c'est vrai? (Beauvoir, Mandarins,1954p. 332). 2. [Avec l'idée d'ennui plus ou moins profond] a) Emploi pronom. réfl. à valeur subjective. [Le suj. désigne une pers.] S'emmerder tout seul; on s'emmerde ici. Synon. vulg. se faire chier*Avec tout cela, je m'ennuie, je m'emmerde, j'ai le cœur plus vide qu'une botte (Flaub., Corresp.,1839, p. 48).Je m'emmerde! soupire Blondinet. J'ai pas l'habitude de rester à rien faire (Sartre, Mort ds âme,1949, p. 227). b) Rare. [Le suj. désigne une chose] Tout ce qui m'amuse emmerde le public sans exception, et personne ne fait aussi mal que moi les choses qui ne l'amusent pas (Valéry, Corresp.[avec Gide], 1899, p. 350). 3. [Avec l'idée de dédain, de mépris; souvent en manière de provocation ou de défi, dans une phrase exclamative; le suj. désigne une pers.] Emmerder qqn ou, plus rarement, emmerder qqc.Tenir quelqu'un ou quelque chose pour inexistant, pour insignifiant. J'emmerde la Commune (Verlaine,
Œuvres compl.,t. 5, Confess., 1895, p. 191).Le directeur général, je l'emmerde... comme j'ai l'honneur de vous le dire... (Céline, Voyage,1932, p. 209).Thorez, je lui crache dessus, le gouvernement, je l'emmerde! (Aymé, Uranus,1948, p. 225). Rem. 1. Avec un souci de décence, le verbe et ses dér. sont parfois écrits : emm... Le nom seul de mon roman [Salammbô] m'emm... jusqu'au fond de l'âme (Flaub., Corresp., 1862, p. 22). 2. On rencontre ds la docum. le part. passé adj. emmerdé. Synon. trivial de embarrassé, ennuyé. Un petit secrétaire de mairie chauve et très emmerdé qui distribuait de porte en porte les avis de décès (Giono, Voy. Ital., 1953, p. 177). Prononc. : [ɑ
̃mε
ʀde], (j')emmerde [ɑ
̃mε
ʀd]. Étymol. et Hist. 1. Av. 1436 « couvrir de merde » (Gloss. de Salins ds Gdf.) ,,vx`` ds Lar. Lang. fr.; 2. 1828-29 « se moquer de quelqu'un, ne faire aucun cas de lui » (Raban, Marco Saint-Hilaire, Mém. forçat, t. 2, p. 160 : Laisse donc, ... je te dis que je l'em... lui [ce jeune soldat fanfaron] et tout le régiment); 3. 1830 « ennuyer quelqu'un par des tracasseries, des discours, etc. » (L'Héritier, Suppl. Mém. Vidocq, t. 1, p. 303 : [le condamné à mort] ... c'est pour me tuer. Ça m'emmer... [L'abbé] Il faut se résigner); 1857 emmerdant part. prés. adj. « qui cause de l'ennui, du tracas » (Goncourt, Journal, p. 323 : C'est emmerdant). Dér. de merde* « excréments »; préf. en-*; dés. -er. Fréq. abs. littér. : 153. DÉR. Emmerdeur, euse, subst.,trivial, péj. [Correspond à emmerder B] Personne qui importune, contrarie ou agace fortement les autres; personne qui ennuie les autres. Quelle connerie peut-il avoir encore faite, ce petit emmerdeur? (Sartre, Sursis,1945, p. 114).Maintenant que les emmerdeurs sont partis on va pouvoir s'amuser un peu (Beauvoir, Mandarins,1954, p. 184).− [ɑ
̃mε
ʀdœ:ʀ], fém. [-ø:z]. − 1reattest. 1866 (Goncourt, Journal, p. 263); du rad. de emmerder, étymol. 3, suff. -eur.*. − Fréq. abs. littér. : 14. BBG. − Sain. Lang. par. 1920, p. 414. |