| EMBÊTER, verbe trans. Fam. Causer des ennuis, du souci ou du désagrément. Synon. contrarier, ennuyer, importuner.A.− [Le suj. désigne une pers.] Les jeunes filles m'embêtent. Les jeunes filles m'assomment. Elles nous embêtent tous (Bernanos, Mauv. rêve,1948, p. 881): 1. ... il [M. Mouret] était toujours à criailler, à faire l'homme terrible. Il nous embêtait tous d'une jolie manière, sans cesse sur notre dos, ne trouvant rien de bien, fourrant son nez partout...
Zola, La Conquête de Plassans,1874, p. 1087. − En partic. Dire des choses dépourvues d'intérêt. Synon. fam. raser.Ces derniers jours j'avais l'idée d'un traité, que j'aurais appelé : le traité de l'insuffisance. (...) J'y aurais dit... mais je t'embête (Gide, Faux-monn.,1925, p. 1162). − Embêter qqn avec, de (+ subst. désignant l'obj. du désagrément)Avez-vous vu beaucoup de gens assez poilus pour, quand un camarade dit : « allons enterrer un corps! », y aller sans souffler mot ni l'embêter de morale? (Balzac, Goriot,1835, p. 181).Tu nous embêtes avec tes questions (Romains, Copains,1913, p. 146). − Emploi pronom. Éprouver un ennui profond, trouver le temps long. Synon. s'ennuyer; synon. vulg. s'emmerder.Je m'embête, mon bon Laporte! Je m'e... au delà de toute expression (Flaub.Corresp.,1874, p. 135).Je ne m'embête nulle part, car je trouve que, de s'embêter, c'est s'insulter soi-même (Renard, Journal,1893, p. 171). ♦ Pour litote, iron. Ne pas s'en faire, passer du bon temps. Il ne s'embête pas, le chanoine (Huysmans, Là-bas,t. 2, 1891, p. 173).Ce garçon ne devait pas s'embêter les samedis soir! (Roy, Bonheur occas.,1945, p. 22). B.− [Le suj. désigne un inanimé] Les orages, la brume, la neige, quelquefois ça t'embêtera (Saint-Exup., Terre hommes,1939, p. 144): 2. On dit que la vérité embête l'homme et il est juste qu'elle l'embête, parce qu'elle n'est pas gaie. Le mensonge, le mythe, la religion sont bien plus consolants. Il est plus agréable de se figurer le génie sous la forme d'une langue de feu que de le voir une névrose.
Goncourt, Journal,1864, p. 10. − En partic. Manquer d'intérêt pour quelqu'un. Le latin m'amusait encore un peu, (...) mais l'histoire (des dates!), la géographie (des noms!) m'embêtaient ferme (Verlaine,
Œuvres complètes,t. 5, Confessions, 1895, p. 61). Rem. On rencontre ds la docum. embêté, ée. adj. [En parlant d'une pers. ou de son expression]. Qui est ennuyé, gêné. Air embêté. Ils étaient contents de me voir et embêtés de m'voir embêté dans leur compagnie (Barbusse, Feu, 1916, p. 113). Il était dans le pétrin, salement embêté (Beauvoir, Mém. j. fille, 1958, p. 210). Emploi subst. rare. Un embêté, un décavé, qui avait eu des différences énormes au baccara (Maupass., Contes et nouv., t. 2, Endorm. 1889, p. 1174). Prononc. et Orth. : [ɑ
̃bε(e)te]. Durée de la voyelle radicale [ε/e] comme pour embêtant. Ds Ac. 1932. Étymol. et Hist. 1. 1794, janv. « causer une vive contrariété à quelqu'un » ceux qui les ont « embetté » (Arch. mun. de Passy, Délibération ds Brunot, t. 10, p. 225, note 6); 1794, 20 juin Frederic-Guillaume est... embêté par cette ridicule secte (Bull. Conv. Nat., ibid.); 1831 embêté part. passé adj. (Sue, Atar Gull, p. 22); 1842 embêtant part. prés. adj. (Flaub., Corresp., p. 91); 1876 embêtant part. prés. subst. (Goncourt, Ch. Demailly, p. 113 : l'embêtant est que ça revient toujours); 2. 1820, 19 avr. « causer de l'ennui » (Stendhal, Corresp., t. 2, p. 188 : M. Taglioni et sa femme nous ont embêté ici d'un ballet à la française); 1840 embêtant part. prés. adj. (Matelots et Matelottes, ii, in Répertoire dram., IV ds Quem. Fichier); 1842 embêté part. passé adj. (Flaub., Corresp., p. 93); 1874 pronom. (Id., ibid., p. 135). Dér. de bête1*; préf. en-*; dés. -er. Fréq. abs. littér. : 1 162. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 218, b) 2 761; xxes. : a) 3 285, b) 1 297. DÉR. Embêteur, euse, subst.Personne qui embête. Synon. fâcheux, importun; usuel vulg. emmerdeur.− C'est un em...bêteur, dit Hervieu (Renard, Journal,1901, p. 702).Ma maison est pleine de raseurs, de fricoteurs et de resquilleurs. Je suis prisonnier chez moi à cause de tous ces emm... embêteurs (Duhamel, Passion J. Pasquier,1945, p. 24).− 1reattest. 1901 (Renard, loc. cit.); du rad de embêter, suff. -eur2*. − Fréq. abs. littér. : 2. BBG. − Baldensperger (F.). Notes lexicol. Fr. mod. 1938, t. 6, p. 254. − Gottsch. Redens. 1930, p. 185. − Quem. 2es. t. 2 1971 (s.v. embêteur). − Sain. Lang. par. 1920, p. 34, 104. |