| EMBUSQUER, verbe trans. A.− Emploi trans., vieilli, ART MILIT. et usuel. Poster en embuscade. Il embusqua une partie de sa troupe dans un bois voisin (Ac.1835-1932).Le sculpteur sortit du salon, rassembla ses amis, et les embusqua dans la cour du palais (Balzac, Sarrasine,1831, p. 428). B.− Emploi pronom. réfl. 1. Se poster en embuscade. Embusquons-nous derrière l'angle de sa maison. Il est nuit noire. Nous le tuerons quand il passera (Hugo, L. Borgia,1833, II, 1, p. 128).Vingt jeunes gens des plus ardents devaient s'embusquer dans une petite rue donnant sur le quai de la Ferraille, et faire feu sur Louis-Philippe, lorsqu'il se rendrait du Palais-Royal à la Maison de ville (Chateaubr., Mém., t. 3, 1848, p. 630). 2. P. ext. a) Se dissimuler pour observer sans être vu. Frédéric attendit pour descendre que l'on fût arrivé dans la cour; puis il s'embusqua au coin de la rue de Choiseul, et aperçut Arnoux qui remontait lestement (Flaub., Éduc. sent.,1869, p. 110). b) En partic., usuel. [En parlant d'un militaire] Se faire affecter à un poste qui lui évite en temps de paix toute exigence et en temps de guerre tout danger sérieux. − En constr. factitive. Il est parvenu à se faire embusquer (Ac.1932). Prononc. et Orth. : [ɑ
̃byske], (je m')embusque [ɑ
̃bysk]. Ds Ac. 1718-1932. Étymol. et Hist. [xves. « poster dans un lieu pour surprendre l'ennemi » (Chron. de Neuchâtel ds DG)]; 1620 réfl. « se cacher, s'abriter » (A. d'Aubigné, Les Tragiques, IV, 102 ds Hug.); spéc. 1855 arg. milit. « se planquer » (ds Esn.); d'où 1883 embusqué part. passé subst. (Fustier, Suppl. Dict. A. Delvau, p. 515). Réfection de l'a. fr. embuschier (embûche*) sur le modèle de l'ital. imboscare, attesté dep. le xiiies. (Épitres de Sénèque vulgarisées ds Batt., au sens de « se cacher »; « tendre une embuscade » dep. 1remoitié xive, Décades de Tite-Live vulgarisées, ibid.), et dér. de bosco (bois*). Fréq. abs. littér. : 70. DÉR. Embusquage, subst. masc.Action de s'embusquer; résultat de cette action. Encore fallait-il que le fidèle se prêtât à cet embusquage, et elle était désolée de voir Morel feindre de vouloir s'y montrer récalcitrant (Proust, Temps retr.,1922, p. 768).Arg. milit. Action de se mettre à l'abri du danger; résultat de cette action. Obéir passivement et loyalement, c'est déjà un embusquage (Mac Orlan, Bob, bataillonnaire,Paris, Michel, 1919, p. 118).− [ɑ
̃byska:ʒ]. − 1reattest. 1919 id.; de embusquer, suff. -age*. − Fréq. abs. littér. : 3. Bbg. − Chautard (É.). La Vie étrange de l'arg. Paris, 1931, p. 513. − Hope 1971, p. 37. |