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EMBUSCADE, subst. fém.
A.− ART MILIT. et usuel. Stratagème consistant à guetter d'un lieu dissimulé le passage d'un ennemi, d'un adversaire pour l'attaquer par surprise; p. méton., lieu du stratagème. Découvrir, dresser, éviter, tendre une embuscade; tomber dans une embuscade. Synon. embûche (vx), guet-apens, piège.Le bon aventurier donna dans une embuscade. − Aveuglé par le sang, frappé de balles, cerné par vingt cimeterres, il fut pris à l'improviste (Villiers de L'I.-A., Contes cruels,1883, p. 370).La pente d'un ravin à embuscades de guerre coloniale (Larbaud, Journal,1934, p. 314):
Elles [les compagnies] devaient faire la guerre d'embuscade, attendre l'ennemi derrière les haies, le harceler, lui tuer ses sentinelles, tenir les bois d'où pas un Prussien ne sortirait. Zola, La Débâcle,1892, p. 139.
Loc. Être, se mettre, se placer, se tenir en embuscade. Quinze cents [cavaliers d'élite] se placèrent en embuscade devant le pont du Jourdain (Grousset, Croisades,1939, p. 94).
P. métaph. Cette femme? (...) Un danger Mortel sans le vouloir, exquis sans y songer, Un piège de nature, une rose muscade Dans laquelle l'amour se tient en embuscade! (Rostand, Cyrano,1898, I, 5, p. 53).La souffrance était en embuscade et, ce soir, dans cette promenade incessante, elle attaquait (La Varende, Manants du Roi,1938, p. 181).
P. méton. Personne armée ou troupe en embuscade. Quelquefois, une embuscade nous envoie des coups de fusils (T'Serstevens, Itinér. esp.,1963, p. 295).
B.− P. ext. Action de se cacher pour observer sans être vu; cachette. Le père, (...) un ancien garçon d'amphithéâtre, (...) s'était caché dans l'ambulance (...), puis enfin avait bondi de son embuscade (Goncourt, Journal,1871, p. 785).L'embuscade du médecin derrière un pilier (Breton, Nadja,1928, p. 42).
Rem. La docum. atteste embuscader (s'), verbe pronom., rare. Se mettre en embuscade. À l'heure (...) où naguère s'embuscadaient nos pères paraphant des alliances dans la chair des assassinés (Barrès, Barbares, 1888, p. 78).
Prononc. et Orth. : [ɑ ̃byskad]. Ds Ac. 1694-1932. Cf. embûche. Étymol. et Hist. 1476-77 « action de s'embusquer » (J. Chartier, Chron. de Charles VII, I, 156, Bibl. elz., d'apr. A. Delboulle ds R. Hist. litt. Fr. t. 11, p. 501). Empr. à l'ital.imboscata, part. passé substantivé de imboscare (embusquer*), attesté dep. début xives. (Première Décade de Tite-Live vulgarisée ds Batt.); cf. les formes imboscade, emboscade au xvies. ds Hug. Fréq. abs. littér. : 196. Bbg. Hope 1971, p. 37, 149. − Sain. Sources. t. 3 1972 [1930], p. 321. − Wind 1928, p. 127, 196.