| EMBROCHER, verbe trans. A.− Enfiler une pièce de viande, une volaille sur une broche (pour la faire rôtir). Embrocher un gigot, une volaille (Ac.). Anton. débrocher.Un jeune apprenti (...) assis par terre, embroche des volailles (Rostand, Cyrano,1898, II, 1, p. 65).Une baguette aiguisée pour embrocher le lapin à rôtir (Genevoix, Raboliot,1925, p. 289). B.− P. anal., fam. Percer de part en part avec un objet pointu. Embrocher (qqn) de sa lance, de son épée... Que le diable embroche de sa corne le triple oison qui interrompt mon sommeil! (Gautier, Fracasse,1863, p. 227).J'aurais beaucoup aimé me battre en duel, − pan! pan! fendez-vous! − et embrocher une demi-douzaine d'adversaires (Duhamel, Cécile,1938, p. 234): ... l'épée (...) j'y réfléchis bien, mettrait mon client dans un état d'infériorité absolue! le lieutenant Corignon l'embrocherait comme un poulet.
Feydeau, La Dame de chez Maxim's,1914, III, 17, p. 70. ♦ Emploi pronom. réfl. Il tire une des épées hors de la gaine. Petypon, se retournant (...) (manquant de s'embrocher.) Oh! le Général (...) relevant l'épée. − Eh! là!... attention (Feydeau, La Dame de chez Maxim's,III, 101914, p. 63).réciproque. On les a retrouvés embrassés, pour la première fois de leur vie, sans doute. Ils s'étaient embrochés mutuellement (Anouilh, Antig.,1946, p. 189). − P. métaph. Chaque matin, les journaux lui servent [au public] un homme bardé de ridicule, embroché par un bon mot (Balzac,
Œuvres div.,t. 2, 1830-35, p. 39).Cf. acéré ex. 24. C.− Spéc., ÉLECTR., TÉLÉCOMM. Raccorder un dispositif, un appareil sur une ligne, un circuit déjà existant. La compagnie (...) chargeait toutes ces batteries de quartier à la fois en les embrochant dans la ligne à courant continu à haute tension (Soulier, Gdes applic. électr.,1916, p. 54).Pour les tableaux d'abonnés on embroche sur la ligne du réseau un appareil supplémentaire (A. Leclerc, Télégr. et téléph.,1924, p. 242). Rem. On rencontre ds la docum. a) Qq. emplois du part. passé adj. embroché. Des sangliers et des daims entiers étaient servis tout embrochés (Thierry, Récits mérov., t. 1, 1840, p. 318). [Elle] arrosait le rôti embroché (Colette, Mais. Cl., 1922, p. 127). b) Embrochage, subst. masc., télécomm. Action d'embrocher. Jacks d'embrochage (A. Leclerc, op. cit., p. 212). Prononc. et Orth. : [ɑ
̃bʀ
ɔ
ʃe], (j')embroche [ɑ
̃bʀ
ɔ
ʃ]. Enq. : /abʀoʃ/ (il) embroche. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1121-34 « traverser avec un objet pointu » (Ph. de Thaon, Bestiaire, 1756 ds T.-L.); ca 1393 embrochier « mettre une viande en broche » (Ménagier, II, 155, ibid.). Dér. de broche*; préf. em- (en-*); dés. -er. Fréq. abs. littér. : 60. |