| EMBOURBER, verbe trans. A.− Emploi trans. 1. Engager dans un bourbier, dans la boue, dans toute matière où l'on s'enlise : 1. ... ce mauvais temps ne laissa pas d'inquiéter Passe-partout, car l'accumulation des neiges, en embourbant les roues des wagons, eût certainement compromis le voyage.
Verne, Le Tour du monde en 80 jours,1873, p. 161. 2. Au fig. Engager quelqu'un dans une situation dont il est difficile de sortir. Cette glu de la bonne action commise sur vous vous barbouille et vous embourbe pour toujours (Hugo, Homme qui rit,t. 2, 1869, p. 37): 2. La faiblesse commence l'égarement, la passion entraîne dans la mauvaise voie, le vice qui est une habitude, y embourbe, et l'homme ne fait aucun progrès vers les états meilleurs.
Balzac, Séraphita,1835, p. 320. − Embourber qqn dans une mauvaise affaire. ,,L'y engager si avant, qu'il ne peut s'en tirer que difficilement`` (Ac.). B.− Emploi pronom. réfl. 1. S'enfoncer dans de la boue ou dans un bourbier : 3. Les chemins furent inondés, les rivières débordées, et tous les fléaux semblaient se rassembler contre des infortunés fugitifs; on craignait de se noyer à chaque pas; celui qui tombait et s'embourbait, invoquait en vain du secours.
Sénac de Meilhan, L'Émigré,1797, p. 1609. 2. Au fig. S'engager dans une situation difficile ou confuse. Vous êtes bien heureux de ne pas vibrer à l'érotique; cela me détraque, moi, et mon cerveau s'embourbe! (Péladan, Vice supr.,1884, p. 114): 4. Or si tu veux animer l'homme quand il s'embourbe dans le doute et ne sait plus agir, il convient de le délivrer. Et le délivrer c'est l'exprimer.
Saint-Exupéry, Citadelle,1944, p. 858. Rem. On rencontre ds la docum. le part. passé en emploi adj. au sens cour. et fig. du verbe. Un style embourbé (Goncourt, Journal, 1888, p. 820). Les canons embourbés (Péguy, Quatrains, 1914, p. 607). Prononc. et Orth. : [ɑ
̃buʀbe]. Ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. Ca 1223 clers qui en tel borbier s'enborbe (G. de Coincy, éd. F. Koenig, I Mir 42, 639). Dér. de bourbe*; préf. em-(en-*); dés. -er. Fréq. abs. littér. : 49 (embourbé : 79). DÉR. Embourbement, subst. masc.Action d'embourber ou de s'embourber; résultat de cette action. L'embourbement des batteries (Hugo, Misér.,t. 1, 1862, p. 392).− Seule transcr. ds Littré : an-bour-be-man. − 1reattest. 1611 rare (Cotgr.); du rad. de embourber, suff. -(e)ment1*. − Fréq. abs. littér. : 2. BBG. − Gottsch. Redens. 1930, p. 270, 417. |