| EMBOUCHURE, subst. fém. I.− [Pour désigner qqc. qui se met à (contre ou dans) la bouche] A.− [Correspond à emboucher1I A 1] MUS. Partie supérieure d'un instrument à vent que l'on met à la bouche pour produire le son. Embouchure d'une flûte, d'une trompette; embouchure ordinaire, moderne, américaine, recourbée, rayée, nickelée, argentée. Le type primitif [de la flûte] était petit, à embouchure de sifflet (Gastoué, Prim. mus. fr.,1922, p. 105): 1. Six trompes sonnent continûment (composées d'une très longue corne d'antilope qu'une gaine en peau de caïman relie à une embouchure d'ivoire).
Gide, Le Retour du Tchad,1928, p. 967. Rem. La docum. atteste, dans le même sens, embouchoir, subst. masc. Harmonicas chromatiques (...) embouchoir en laiton nickelé (Catal. gén. d'harmonicas Hohner, s.d., p. 15). − P. ext. Manière dont on embouche un instrument à vent. Ce joueur de flûte a l'embouchure excellente (Ac.).Une des grandes difficultés de la flûte traversière, c'est l'embouchure (Ac.1835, 1878).On ne peut avoir, sur la flûte, une meilleure embouchure que le comte Max (Sainte-Beuve, Portr. femmes,1844, p. 402).Artiste doué d'une embouchure à toute épreuve (Dureau, Instrument. orchestr.,1905, p. 34): 2. ... comme il s'agissait de ne pas se rouiller et de conserver (...) le mœlleux du doigté et la pureté de l'embouchure, notre Provençal ingénu imagina de répéter ses aubades et ses farandoles, le soir, en plein Paris...
A. Daudet, Trente ans de Paris,1888, p. 128. B.− [Correspond à emboucher1I B 1] MAN. Partie du mors qui entre dans la bouche du cheval. Synon. canon (cf. canon1A 2 b).Avoir diverses embouchures pour toutes sortes de chevaux (Ac.1835, 1878). − P. ext. ,,Manière dont le cheval est sensible au mors. Cheval délicat d'embouchure`` (Ac. 1932). II.− [Pour désigner une ouverture par laquelle, comme par une bouche, passe qqc.] A.− Ouverture pratiquée dans un objet et permettant d'y introduire quelque chose. Embouchure d'un fourneau (Littré). Embouchure du sac (DG). Embouchure d'un tuyau. Elle portait la lampe; elle abritait l'embouchure du verre de lampe avec sa main en coquille (Giono, Manosque,1930, p. 59). − Embouchure d'égout. Synon. plus usité bouche* d'égout (cf. bouche IV B in fine).Embouchure de métro. Synon. plus usité bouche* de métro (cf. bouche IV B in fine).Pour ce qui est de Paris, on a dû, (...) transporter la plupart des embouchures d'égouts en aval au-dessous du dernier pont (Hugo, Misér.,t. 2, 1862, p. 507). − ARTILL. Embouchure de canon. Synon. plus usité bouche de canon (cf. bouche IV A).Des chiens sans maîtres errent le long du quai; quelques-uns sont couchés dans les embouchures de canons à énormes calibres (Lamart., Voy. Orient,t. 2, 1835, p. 345). − En partic. Orifice d'un récipient à liquide. Embouchure d'un bocal, d'un vase. Pots préhistoriques, à panse ronde, à grosses lèvres autour de l'embouchure (Coulin, Animaux de nos pays,1909, p. 244): 3. On est venu m'apporter un énorme « goliath » que j'ai le plus grand mal à faire entrer dans mon flacon de cyanure, si large que soit son embouchure.
Gide, Voyage au Congo,1927, p. 770. B.− P. anal., dans le domaine de la géogr. physique.[En parlant d'une excavation] Ouverture constituant une entrée. Embouchure d'une plaine, d'une vallée, d'une gorge. Quelques-unes de ces grottes, dont les embouchures s'ouvrent au-dessus de nos têtes (Lamart., Voy. Orient,t. 2, 1835p. 199).Ces cloches de ce matin montant de la ville, par l'étroite embouchure du vallon (Rivière, Corresp.[avec Alain-Fournier], 1907, p. 93). − Spécialement 1. GÉOL. Embouchure d'un volcan. Synon. usuel cratère* d'un volcan : 4. Au milieu du grand cratère où j'étais arrivé, un nouveau cône se formait qui paraissait tout en flammes. De l'embouchure de ce gouffre s'exhala une haleine immense et long-temps contenue.
Quinet, Allemagne et Italie,1836, p. 199. 2. HYDROGRAPHIE. Partie d'un cours d'eau qui s'ouvre sur la mer, sur un lac ou un autre cours d'eau et par laquelle il y déverse ses eaux (cf. bouche IV D et estuaire B).Rivage, sur la gauche duquel s'ouvrait l'embouchure du ruisseau (Verne, Île myst.,1874, p. 348): 5. Honfleur. C'est adorable, ces petites villes. Il y a des fenêtres de quatre sous qui ouvrent sur la mer, l'embouchure de la Seine, Le Havre, un des plus beaux panoramas du monde.
Renard, Journal,1902, p. 767. SYNT. Embouchure d'un cours d'eau, d'un fleuve, d'un torrent, d'un canal; embouchure du Rhin, de la Tamise; embouchure encaissée; embouchures fluviales, plates, marécageuses; larges, vastes embouchures; embouchure qui s'ensable; mouiller, aborder, débarquer à l'embouchure d'un fleuve; pénétrer dans l'embouchure d'un fleuve. ♦ P. ext. Embouchure d'un golfe, d'une rade,... L'amiral Fuentes a trouvé l'embouchure de l'archipel Saint-Lazare (Voy. La Pérouse,t. 2, 1797, p. 217).Pont-levis, distingua, à l'embouchure de la baie, (...) une barque à la voile (Hugo, Travaill. mer,1866, p. 230).Excursion par un bateau-omnibus à l'île Fænœ, à l'embouchure du fiord (Bloy, Journal,1899, p. 332). ♦ P. anal. Dans le domaine des voies terrestres de circulation.Embouchure d'un sentier. Il se dirigea vers des lueurs furtives qui laissaient entrevoir l'embouchure d'une rue entre deux hautes falaises (Giono, Eau vive,1943, p. 313): 6. ... de longs faubourgs à maisons basses qui montent en serpentant jusqu'au sommet de la colline, à l'embouchure des grandes routes; ...
Lamartine, Les Confidences,1849, p. 21. Dans le domaine de l'anat.Embouchure du canal excréteur, embouchure des sinus. Les artères du corps s'ouvrent dans le cœur par une seule embouchure ou par deux embouchures distinctes, suivant les espèces (Cuvier, Anat. comp.,t. 4, 1805, p. 275).Prononc. et Orth. : [ɑ
̃buʃy:ʀ]. Enq. : /ãbuʃyʀ/. Ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. 1328 embouchure « ouverture d'un objet » (Comtesse Mahaut, 250, J. Richard ds R. Hist. litt. Fr. t. 11, p. 500); 2. fin xives. emboukure « ouverture par laquelle un fleuve se jette dans la mer » (Froissart, Chron., éd. S. Luce, VIII, 65); fin xives. emboucheure (ibid., XII, 303 : devers l'emboucheure de Brest); 3. 1596 emboucheures « manière dont la bouche d'un cheval est sensible au mors » (Gasp. de Tavannes, Mém., p. 194 ds Gdf. Compl.); 1611 emboucheure d'un cheval « partie du mors qui se trouve dans la bouche du cheval » (Cotgr.); 4. 1636 mus. emboucheure (Mersenne, Harmonie universelle, 281 in Wright d'apr. Quem. DDL t. 9). Dér. du rad. de emboucher1*; suff. -ure*. Fréq. abs. littér. : 506. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 1 504, b) 928; xxes. : a) 155, b) 276. Bbg. Lew. 1960, p. 93. |