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ELLIPTIQUE1, adj.
Qui comporte une ou plusieurs ellipses (cf. ellipse1).
A.− LINGUISTIQUE
1. [En parlant d'un énoncé] Phrase, proposition elliptique. Une langue adhésive, solitaire et secrète, pleine de rétractions de phrases, de tournures elliptiques, d'audacieux tropes (Huysmans, À rebours,1884, p. 261).
2. [En parlant d'une langue] Quel est l'homme nerveux qui ne connaît pas ce « sommeil de chien », comme dit la langue anglaise dans son elliptique énergie? (Baudel., Paradis artif.,1860, p. 400).Elles [les jeunes Turques] tinrent conseil à voix basse, en un turc elliptique, très mêlé de mots arabes (Loti, Désench.,1906, p. 170):
1. Tout langage, à mesure qu'il se perfectionne, ou, plutôt, que ses usagers se perfectionnent et le possèdent mieux, tend à devenir plus elliptique, à réduire son effort et à se faire entendre à moindres frais. Huyghe, Dialogue avec le visible,1955, p. 118.
3. [En parlant d'une catégorie gramm.] Duel elliptique. ,,Cas d'un objet qu'on ne conçoit pas sans un autre auquel il est habituellement associé (...) en grec on exprime par le duel du mot Castor l'idée des jumeaux Castor et Polux réunis`` (Mar. Lex. 1933, p. 71). Pluriel elliptique. ,,Celui qui suppose qu'avec les objets nommément désignés sont groupés d'autres objets en vertu d'une sorte d'assimilation abusive : en lat. on trouve patres employé pour signifier « le père et la mère»`` (Mar. Lex. 1933, p. 145).
B.− P. ext. [En parlant d'un discours, d'un raisonnement] Les causeries elliptiques et sautillantes de Faguet auxquelles l'auditeur croyait prendre parti (Chardonne, Dest. sent. II,1934, p. 15).
Péjoratif :
2. Mais tous [les orateurs] usent du même style elliptique, ardu et flamboyant, où l'archaïsme et le néologisme font mauvais ménage, de la rhétorique déjà surannée du défunt. Arnoux, Les crimes innocents,1952p. 57.
P. anal., rare. [En parlant d'un art plastique] :
3. C'est [le clair obscur de Rembrandt] la forme mystérieuse par excellence, la plus enveloppée, la plus elliptique, la plus riche en sous-entendus et en surprises, qu'il y ait dans le langage pittoresque des peintres. Fromentin, Les Maîtres d'autrefois,1876, p. 327.
Prononc. et Orth. : [eliptik] ou [εl(l)iptik]. Ds Ac. dep. 1762. Étymol. et Hist. [1634 géom. (Bl.-W.3-5)]; 1666 spheroides elliptiques (Varignon ds Mém. de l'Acad. des sc., X, 48 d'apr. DG). Empr. au lat. sc.ellepticus transcr. du gr. ε ̓ λ λ ε ι π τ ι κ ο ́ ς « qui omet ». Fréq. abs. littér. : 31.
DÉR.
Elliptiquement, adv.D'une manière elliptique. ,,On dit quelquefois elliptiquement Du tout, pour Pas du tout ou Point du tout`` (Ac. 1835-1932). Intituler un livre « Manuel historique de politique étrangère » ou, plus elliptiquement, « Manuel de politique européenne » (L. Febvre, Combats pour hist.,Histoire ou politique? 1931, p. 64). [eliptikmɑ ̃] ou [el(l)iptikmɑ ̃]. Ds Ac. dep. 1835. 1resattest. [1737 prob. terme de gramm. (d'apr. Brunot t. 6, p. 1313)]; 1835 (Ac.); de elliptique1, suff. -ment2*.
BBG. − Quem. Fichier.