| EFFRAIE, subst. fém. Chouette de taille moyenne, à la robe claire, au cri aigre et sinistre, nichant dans les ruines, les greniers, les clochers et se nourrissant de petits rongeurs et oiseaux. Synon. chouette effraie, fresaie.Un antique donjon féodal qui, depuis longtemps, semblait n'avoir servi d'asile qu'à l'effraie et à la couleuvre (Sand, Lélia,1839, p. 414).Les ricanements du petit-duc, les huées du hibou, les cris perçants d'écorché vif de l'effraie (Bazin, Huile sur feu,1954, p. 176):− Celle-là, disait-il, c'est l'effraie. D'aucuns disent la chouette religieuse. Mais c'est l'effraie, (...). Il soulevait, du bout de l'ongle, le duvet neigeux et doux qui se gonflait à la gorge de l'oiseau, qui lui ouatait le ventre et les cuisses. Il caressait le dos et les ailes étendues, leurs plumes d'un blond doré, ardent, qu'assourdissait un ruissellement de perles grises.
Genevoix, Raboliot,1925, p. 123. Prononc. et Orth. : [efʀ
ε], mais [εfʀ
ε] sous l'influence des consonnes redoublées ds Warn. 1968. Le mot est admis ds Ac. 1798-1932. Les éd. de 1798 et de 1835 renvoient à fresaie, comme Gattel 1841, Nod. 1844. Étymol. et Hist. 1553 effraye (Belon, Singularitez, I, 10 ds Barb. Misc. 17, 37, p. 323 : l'oiseau [qui] vole la nuict par les villes et faict un cry moult effrayant, nous l'avons nommé une fresaye, ou bien effraye). Formation obscure. Soit altération de orfraie* « pygargue » sous l'infl. de effrayer* (EWFS2). Le mot orfraie semble avoir été employé à tort du xvieau xixes. pour désigner l'effraie ou fresaie (cf. Barb. op. cit., p. 324 et FEW t. 7, p. 435a, s.v. ossifraga). Soit altération de fresaie sous l'infl. de effrayer* (FEW t. 9, p. 305, s.v. praesagus). Fréq. abs. littér. : 4. Bbg. Baumann (H.-H.). Sekundäre Motivationen bei romanischen Tierbezeichnungen. Diss. Bonn, 1967. − Sain. Sources t. 2 1972 [1925], p. 49. − Waringhien (G.). L'Orfraie ou les ténèbres dissipées. Vie Lang. 1957, pp. 225-227. |