| EFFLORESCENCE, subst. fém. A.− BOTANIQUE 1. Vieilli. Début de la floraison. Efflorescences des rameaux (Gautier, Tra los montes,1843, p. 47).L'universel renouveau, l'efflorescence enivrée des lilas (Proust, Chron.,1922, p. 34). 2. P. ext., littér. Épanouissement de quelque chose, manifestation ou représentation visible de quelque chose avec une idée de générosité, d'abondance, de luxuriance. Efflorescence végétale (Michelet, Journal,1835, p. 175): 1. ... les tiges, les branches et les têtes des arbres dont elle est couverte, les buissons et les mousses, le sol même, tout a changé; les rigueurs de la saison les ont revêtues, embellies d'efflorescences, de congélations aussi variées dans leurs formes que dans leurs grandeurs.
Crèvecœur, Voyage dans la Haute Pensylvanie,t. 2, 1801, p. 161. 3. P. anal. : 2. Tout autour de nous s'envolait, se gonflait doucement vers un paradis d'efflorescence plumeuse : longs battements ouatés des mouettes piquetés de cris rauques, douces plumes arrachées à l'écume, pennes battantes du vent sur le visage, glissement fuyant comme le dos d'un cygne de la houle soulevant le bateau.
Gracq, Le Rivage des Syrtes,1951, p. 156. − Spéc., MÉD. ,,Lésion cutanée élémentaire : papule, vésicule, pustule, bulle`` (Méd. Biol., t. 2 1971). Alicette prend des bains de soufre et n'a pas encore la surface nettoyée de ses efflorescences de chaleur (Amiel, Journal,1866, p. 382). 4. Au fig. Apparition de quelque chose; commencement, épanouissement de quelque chose (idée, art, etc.). Toute l'efflorescence d'un mysticisme inconscient (Huysmans, Là-bas,t. 1, 1891, p. 152).L'efflorescence prodigieuse des ballets russes (Proust, Sodome,1922, p. 743). B.− CHIM. MINÉR. 1. Transformation, sous l'influence de la température ou de l'état hygrométrique de l'air, d'un sel cristallisé en un produit pulvérulent par perte de son eau de cristallisation (p. oppos. à déliquescence*); p. méton., le produit obtenu. Alun (...) en efflorescences solubles (A. de Lapparent, Minér.,1899, p. 531).La morenosite est un sulfate hydraté de nickel (...) en cristaux acidulaires et efflorescences vertes sur les minerais de nickel (A. de Lapparent, Minér.,1899p. 574). 2. Dépôt pulvérulent et blanchâtre qui se produit sur une paroi (mur, roche, cristallisoir) par évaporation de l'eau montée à la surface par capillarité; p. méton., le processus. Salpêtre. − Azotate de potasse, sel formé par efflorescence sur les plâtras ou sur la terre des caves (A. Pérès, Pierres et roches,1896, p. 27). Prononc. et Orth. : [eflɔ
ʀ
ε(s)sɑ
̃:s]. Avec [s] simple ds Passy 1914, Dub., Pt Lar. 1968, Lar. Lang. fr. Avec [ss] double ds Land. 1834, Nod. 1844, Fel. 1851. [eflɔ
ʀesɑ
̃:s] ds Gattel 1841 et Pt Rob. et comme 1revar. ds Warn. 1968. [ε(f)flɔ
ʀ
ε(s)sɑ
̃:s], [ε] ouvert à l'initiale sous l'influence des lettres redoublées. Avec [f] simple et [s] simple ds Warn. 1968 (2evar.). Avec [f] simple ou [ff] double, [s] ou [ss] double ds Barbeau-Rodhe 1930. Avec [f] double et [ss] double ds Littré et DG. Le mot est admis ds Ac. 1762-1932. Étymol. et Hist. 1. Ca 1562 « surface, écorce, croûte » (A. Paré,
Œuvres, I, 3, éd. J. F. Malgaigne, t. 1, p. 116b [ici en parlant de l'épiderme]); 2. 1751 minér. « couche de sel » (Encyclop. t. 1, p. 234, s.v. air); 1755 « transformation de la surface d'un corps en parcelles pulvérulentes » (Encyclop.); 3. 1755 pathol. (ibid.)); 4. a) 1784 (Bern. de St-P., Ét. nature, t. 2, p. 202 : les efflorescences et les végétations de la glace); b) 1834 fig. « apparition, développement, épanouissement » (Th. Gautier, Grotesques, p. 103 ds Mat. Louis-Philippe, p. 261 : son style, en dépit des efflorescences grecques et latines). Formation sav. d'apr. le lat. class. efflorescere « fleurir; fig. : s'épanouir »; b. lat. « proliférer, se répandre (la lèpre) » (Blaise); suff. -ence (-ance*). Angl. efflorescence dès 1626 au sens 4a, 1667 au sens 2 et 1684 au sens 3. Fréq. abs. littér. : 54. Bbg. Mat. Louis-Philippe 1951, pp. 261-262. − Termes techn. fr. Paris, 1972, p. 121. |