| EFFIGIE, subst. fém. A.− Représentation (généralement d'une personne) sous une forme quelconque. Effigie mortuaire, royale; effigie de cire, de pierre. Synon. figure, image, représentation.La terrible effigie équestre que Titien fit de Charles-Quint (Faure, Espr. formes,1927, p. 205).De grossières effigies de plâtre, en rond dans le désert, rappelleront aux espèces futures ce que fut la race humaine (Sartre, Mort ds âme,1949, p. 115): Sans attendre la fin de la guerre, Haudouin avait décroché les portraits de l'Empereur et de Canrobert : un peu plus tard, il y substitua ceux de Thiers, de Mac-Mahon, puis de Jules Grévy, de Gambetta et ainsi de suite. Mais l'effigie de la jument verte demeurait en place.
Aymé, La Jument verte,1933, p. 18. B.− Spécialement 1. Représentation du visage d'une personne sur une médaille. Effigie d'un monarque; battre à l'effigie, frapper, marquer en effigie; monnaie à l'effigie (de qqn). Dans le parti socialiste, le commerce des médailles à l'effigie de Jaurès fut, un temps, des plus prospères (Bloch, Dest. du S.,1931, p. 154).Ils ressemblent à des aveugles qui comptent de leurs doigts tremblants des pièces de monnaie dont ils ne connaissent pas l'effigie (Bernanos, Mouchette,1937, p. 1271). − Au fig. Image, représentation. L'Italie est à jamais marquée de l'effigie de la grandeur romaine. (Vidal de La Bl., Princ. géogr. hum.,1921, p. 157).Il est bien permis au spectateur de reprendre dans la boue cette effigie de la messe (Alain, Propos,1935, p. 1248). 2. Anciennement, DR. [Dans l'expr. en effigie] Représentation d'un condamné, à laquelle on faisait subir une peine physique en l'absence du condamné (contumace, etc.). Exécuter un criminel en effigie (Ac.1835-1932).Il fut pendu, il eut la tête tranchée en effigie (Ac.1835, 1878). − P. ext. Mais, à l'heure où la belle jeunesse française dépense son énergie à casser les carreaux des Juifs et à brûler Zola en effigie sur un bûcher d'exemplaires de l'Aurore (Clemenceau, Iniquité,1899, p. 152). − ANTHROPOL. Les Maori façonnent des effigies de leurs ennemis et les frappent, croyant par là blesser l'individu lui-même (Lowie, Anthropol. cult.,1936, p. 326). Rem. La docum. atteste effigier, verbe trans., rare et vx. a) Représenter en effigie. Ils [les peintres] avaient voulu (...) donner, comme un instantané de la vie courante des cénobites et ils les avaient effigiés, l'Abbé en tête (Huysmans, Oblat, t. 1, 1903, p. 297). b) Dr. Exécuter en effigie. Effigier un criminel par contumace (Ac. 1798-1835). Prononc. et Orth. : [efiʒi]. Sous l'influence des lettres redoublées, Littré et Barbeau-Rodhe 1930 transcrivent [εfiʒi]. Cf. aussi Warn. 1968 à titre de var. Enq. : /efiʒi/. Le mot est admis ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. a) Ca 1468 « aspect, stature de quelqu'un » (G. Chastellain, Hauts faits du duc de Bourgogne, éd. J. Kervyn de Lettenhove, t. 7, p. 220 : ne séoit à homme, fors à empereur ou roy, porter telle effigie que luy); b) ca 1468 « forme, image de quelque chose » (Id., Chroniques, éd. cit., t. 5, p. 243 : narration [...] de la forme et effigie de sa venue); 2. a) 1510 « représentation d'une personne » (Obsèques de Georges d'Amboyse ds Laborde, s.v. représentacion : sur ledict drap estoit l'effigie dudict seigneur); b) 1669 numism. (Inv. de N.D. de Reims, éd. P. Tarbé, p. 64 ds Gay, s.v. médaille : deux médailles [...] marquées de l'effigie du roi); 3. 1611 just. « tableau ou mannequin représentant un condamné par contumace » (Cotgr.). Empr. au lat. class.effigies, ei « représentation, image, statue, portrait ». Fréq. abs. littér. : 285. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 234, b) 404; xxes. : a) 515, b) 484. Bbg. Monnot (R.). Dat. nouvelles. Fr. mod. 1952, t. 20, p. 224 (s.v. effigier). |