| ECCLÉSIASTIQUE, adj. et subst. masc. A.− Adj. [Toujours postposé] 1. [Correspond à église I] a) [En parlant d'une pers.] Qui appartient à l'Église comme membre du clergé. Anton. laïc/laïque.Le nom des patrons laïcs et des collateurs ecclésiastiques [d'une localité] (Proust, Sodome,1922, p. 926).Trois personnalités ecclésiastiques − un pasteur réformé, un évêque anglican, un prêtre catholique (Monde,19 janv. 1952, p. 9). − En partic., parfois péj. [En parlant de l'attitude, de l'expression d'une pers.] Qui est typique d'un membre du clergé. Sa bonhomie tout ecclésiastique désarmait les préventions (Huysmans, Là-bas,t. 1, 1891, p. 35). b) [En parlant d'un inanimé abstr. ou concr.] − Qui concerne l'Église. Les acquéreurs des biens ecclésiastiques aliénés (Doc. hist. contemp.,1785-1850, p. 107).Quelle honte de n'avoir point encore relu l'histoire ecclésiastique depuis ma sortie du séminaire (Dupanloup, Journal,1851-76, p. 46).Dispenses ecclésiastiques pour l'union entre parents (Adam, Enf. Aust.,1902, p. 520). ♦ ADMIN. Division ecclésiastique. Circonscription territoriale (par exemple diocèse, paroisse) ressortissant à la juridiction d'un membre du clergé. La province ecclésiastique de Reims (Vidal de La Bl., Princ. géogr. hum.,1921, p. 237).Les diverses Églises de la diaspora anglicane sont organisées en provinces ecclésiastiques autonomes (Philos., Relig., 1957, p. 5013). − Qui concerne le clergé. Habit ecclésiastique. Le sommet du crâne coiffé d'une calotte ecclésiastique (Zola,
Œuvre,1886, p. 195). 2. [Correspond à église II] Qui se rapporte à l'église. Les huit tons du chant ecclésiastique (R. Lenormand, Harm. mod.,1913, p. 91). B.− Subst. masc. Membre du clergé. Un ecclésiastique luthérien en grosse perruque batave (Adam, Enf. Aust.,1902p. 339).L'entrée dans le salon d'un ecclésiastique âgé, vêtu d'une soutane à lisérés violets (Bourget, Actes suivent,1926, p. 61). Rem. Dans le domaine biblique, on rencontre a) Ecclésiastique, subst. masc. (précédé de l'art. déf. et avec majuscule). Un des livres sapientiaux deutérocanoniques de l'Ancien Testament. Quatrième verset du septième chapitre de l'Ecclésiastique (Chateaubr., Natchez, 1826, p. 359). Louis de Grenade, citant l'Ecclésiastique, nous recommande de ne pas laisser se perdre, dans l'oraison, la grâce du jour heureux (Jankél., Je-ne-sais-quoi, 1957, p. 124). b) Ecclésiaste, subst. masc. (précédé de l'art. déf. et gén. avec majuscule). Titre de l'auteur d'un des livres sapientiaux de l'Ancien Testament (du grec ε
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ς « orateur, prédicateur de l'assemblée »); p. méton., le livre lui-même. L'Ecclésiaste assis sous les cèdres bibliques (Leconte de Lisle, Poèmes barb., 1878, p. 350). Ce verset de l'Ecclésiaste : « Malheur à la ville dont le prince est un enfant! » (Montherl., Ville dont prince, 1951, III, 7, p. 934). Prononc. et Orth. : [eklezjastik]. Mais [ε] ouvert à l'initiale ds Littré, Passy 1914 et à titre de var. ds Warn. 1968. Cette prononc. s'explique par la position du 1ere devant 2 c qui sont pourtant uniquement graph. et peuvent néanmoins influencer la prononc. Le mot est admis ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. I. [xiiies. d'apr. Bl.-W.1-5]; 1324 adj. eclésiastique « relatif à l'église ou au clergé » (Dit des Mais, éd. A. Jubinal, I, 189); 1507-08 subst. « membre du clergé » (Eloy d'Amerval, Livre de la Deablerie, éd. Ch.-Fr. Ward, 2246). II. 1284 [date du ms.] subst. masc. (Brunet Latin, Trésor, éd. P. Chabaille, p. 63). I empr. au lat. chrét. ecclesiasticus attesté comme adj. et subst. gr. eccl. ε
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ς « id. » (class. « relatif à l'assemblée du peuple »). II empr. au lat. chrét. Ecclesiasticus (gr. Σ
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χ; Théol. cath.), de même sens, l'ouvrage étant, selon Rufin, le livre « ecclésiastique » par excellence, celui qu'on utilisait de préférence dans les églises pour l'instruction des catéchumènes (Catholicisme). Fréq. abs. littér. : 1 389. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 2 626, b) 2 349; xxes. : a) 2 318, b) 1 012. DÉR. Ecclésiastiquement, adv.,rare. a) À la manière des ecclésiastiques. Ses grasses mains, ecclésiastiquement croisées sur sa serviette (E. de Goncourt, La Faustin,1882, p. 169).b) Au point de vue des lois de l'Église. Ecclésiastiquement et catholiquement parlant, il ne peut y avoir de divorce (Mérimée, Lettres à la comtesse de Montijo,t. 1, 1870, p. 267).− [eklezjastikmɑ
̃]. Pour [ε] ouvert à l'initiale ds Littré et Barbeau-Rodhe 1930, cf. supra. Le mot est admis ds Ac. 1694-1932. − 1reattest. 1422 (Reg. Consul. de Lyon, I, 328, Guigne ds R. Hist. litt. Fr., t. 11, p. 493); de ecclésiastique, suff. -ment2*. − Fréq. abs. littér. : 2. BBG. − Quem. 2es. t. 3 1972 (s.v. ecclésiastiquement). |