| DÉVÊTIR, verbe trans. A.− [Le suj. désigne une pers.] 1. Dépouiller quelqu'un totalement ou en partie de ses vêtements. Alors la garde, s'étant assise sur une des bornes, près du seuil, se mit à dévêtir l'enfant (Maupass., Contes et nouv.,t. 2, Le Baptême, 1885, p. 575).Un soir, en le dévêtant, Rose-Anna avait découvert de grandes taches violettes sur ses membres (Roy, Bonheur occas.,1945, p. 266). − Emploi pronom. réfl. : 1. Il se vêtait et se dévêtait à tout moment, en étudiant les plus légères variations de l'atmosphère, et ne faisait rien sans consulter le baromètre.
Balzac, Le Lys dans la vallée,1836, p. 195. 2. Au fig. a) Dépouiller : 2. Comprends-tu, ajoutai-je, car j'étais plein de mon sujet, combien je suis heureux de dévêtir auprès d'elle mon personnage habituel d'indifférence et d'impertinence pour être irréfléchi.
Barrès, Le Jardin de Bérénice,1891, p. 133. − Emploi pronom. réfl. : 3. « À ce prix, Monsieur le gouverneur, ai-je répondu avec vivacité, et me tournant vers ses officiers, l'Empereur pourrait facilement se dévêtir de tous ses titres, et ne ferait que gagner dans tout l'univers à être traité d'après cette échelle. »
Las Cases, Le Mémorial de Sainte-Hélène,t. 2, 1823, p. 188. b) Mettre à nu, dévoiler, révéler. Elle ne vous voit plus, et elle ne se gêne pas davantage pour dévêtir devant nous son âme, avec une tranquille impudeur, que pour se mettre toute nue devant son chien ou son chat (Rolland, J.-Chr., Révolte, 1907, p. 431). Rem. Dévêtir peut recevoir un compl. d'obj. de chose (dévêtir sa robe) ou de pers. (dévêtir un blessé), la 2econstr. étant la plus usuelle (d'apr. Dupré 1972). B.− P. anal. [Le suj. désigne une chose] Abandonner une partie de son éclat (astre, soleil), de sa parure (arbre) : 4. Dehors, il [le chasseur d'images] fixe un moment, au point que son œil éclate, le soleil qui se couche et dévêt sur l'horizon ses lumineux habits, ses nuages répandus pêle-mêle.
Renard, Histoires naturelles,1896, p. 9. − Emploi pronom. à sens passif. Une rose, qui a trop chaud, se dévêt de ses feuilles, une à une (Renard, Journal,1902, p. 762): 5. ... la cloche (...) s'était faite, à l'image même de l'Église, très populaire et très humble. À certains moments, elle se dévêtait, ainsi que le prêtre se dépouille de sa chasuble, de ses sons pieux.
Huysmans, Là-bas,t. 1, 1891, p. 64. Prononc. et Orth. : [devεti:ʀ] ou p. harmonis. vocalique [deveti:ʀ], (je) dévêts [devε]. Ds Ac. 1694 et 1718, s.v. devestir; ds Ac. 1740-1932 sous la forme mod. Conjug. cf. vêtir. Étymol. et Hist. 1. a) Ca 1170 soi desvestir « se dépouiller de ses vêtements » (Rois, éd. E. R. Curtius, p. 36 [1 Sam. 18, 4]); 1896 part. passé subst. (Goncourt, Journal, p. 125); b) ca 1170 trans. « enlever (un vêtement, des armes) » (Chr. de Troyes, Erec, éd. M. Roques, 4189); 2. 1erquart du xiiies. réfl. « se dessaisir » (Lancelot, II, 68 ds IGLF); 3. fin du xiiies. trans. « dépouiller (quelque chose) de » (Isopet de Lyon, 560 ds T.-L. : En celui tens que la froidure Desvit [= desvest] les bois de lour verdure). Dér. de vêtir*; préf. dé-*. Fréq. abs. littér. : 140. |