| DÉTACHEMENT, subst. masc. A.− Rare. Action de détacher, de dégager d'un lien, de séparer quelque chose de ce à quoi il adhère, avec quoi il est en contact; action, fait de se détacher. Couche épidermique en voie de détachement (Quillet, Méd.1965, p. 309). B.− P. anal. 1. Action de séparer un élément d'un autre, d'un ensemble; p. méton., élément ainsi séparé : 1. J'ai rencontré hier un de vos hôtes de Genève (...) je voudrais bien savoir (...) si (...) je puis lui remettre quelques-uns des manuscrits qui vous appartiennent, car je crois qu'il faut les envoyer par détachements.
Balzac, Lettres à l'Étrangère,t. 1, 1850, p. 441. 2. En partic. a) [Avec une idée de mise en relief, d'attention attirée par rapport à ce qui est plus banal] − GRAMM. Action, fait de séparer un terme du noyau propositionnel contenant son support par l'intonation, la ponctuation ou une forme verbale; résultat de cette action (cf. Ling. 1972). − Action, fait pour quelque chose, quelqu'un de ressortir d'un ensemble par des qualités propres; son résultat. Le détachement cruel de la chaire sur le mur blanc du fond (Gide, Faux-monn.,1925, p. 1009). b) [Avec, le plus souvent, une idée de mission partic. à remplir] − ADMIN. Action, fait d'affecter à sa demande un fonctionnaire, un militaire à un autre service public ou à un poste différent de celui d'origine; résultat de cette action. Placer en position de détachement. Les volontaires pourraient ainsi concrètement étudier les problèmes qu'ils seront amenés à résoudre lors de leur détachement définitif (Serv. milit. et réf. armée,1963, p. 91). − P. méton., cour., ARM. Groupe de soldats et d'engins militaires qu'on tire d'un ensemble plus important pour une mission spéciale. Détachement d'armée, de soldats; commander un détachement. M. Stuart (...) obtint le commandement du détachement de marine de ce vaisseau (Crèvecœur, Voyage,t. 3, 1801, p. 210).Je décide de porter le 6 août, jusqu'à la Seille, des détachements de toutes armes (Foch, Mém.,t. 1, 1929, p. 34). SYNT. Fort, petit détachement; envoyer un détachement; (être) à la tête d'un détachement; détachements ennemis, isolés; détachement blindé (De Gaulle, Mém. guerre, 1956, p. 269); détachement d'automitrailleuses (Id., ibid., p. 460). Rem. La docum. atteste en ce sens le mot composé détachement-radio (Id., ibid., 1954, p. 326). ♦ P. ext. Petit groupe de personnes, d'animaux séparés d'un ensemble : 2. ... cet homme sensé (...) payait à la commune de Barège la permission de faire paître quelques détachements des nombreux troupeaux qu'il avait en Espagne.
Dusaulx, Voyage à Barège,t. 1, 1796, p. 202. C.− Au fig., cour. Action de se dégager de liens d'intérêt, moraux (affectifs, intellectuels, etc.); état d'une personne, d'une de ses facultés dégagée de tels liens, indifférente à quelque chose, à quelqu'un, qui manifeste de l'indifférence, du désintérêt. Complet, parfait détachement; d'un air de détachement. Je parle là d'une passion raisonneuse qui connut des froideurs et de longs détachements (Colette, Mais. Cl.,1922, p. 56).Ils (...) collaboraient loyalement mais avec détachement à la marche de la maison (Queneau, Enf. du limon,1938, p. 313): 3. − J'ai du courrier pour toi, me dit Marino d'un ton brusque lorsque j'entrai chez lui le lendemain matin (...). Malgré le détachement bourru qu'il affectait, il y avait dans sa voix une interrogation inquiète.
Gracq, Le Rivage des Syrtes,1951, p. 142. − Spéc. Détachement de la vie. Le prêtre monte en chaire pour prêcher le mépris du monde, le détachement des biens terrestres (Stendhal, Mém. touriste,t. 2, 1838, p. 481). Prononc. et Orth. : [detaʃmɑ
̃]. Ds Ac. 1694 et 1718, s.v. destachement; ds Ac. 1740-1932 sous la forme moderne. Étymol. et Hist. 1. 1606 destachement « action de séparer une chose d'une autre; état de ce qui se détache » (Crespin); 2. 1651-52 « état de l'âme libérée des attaches du monde » (Corneille, L'Imitation, I, 13); 3. av. 1679 art. milit. un détachement de mille chevaux (Retz, Mém., éd. Grands Écrivains, t. II, p. 216, année 1649); 1676 « groupe de soldats envoyés en détachement » (Pomey). Dér. du rad. de détacher*; suff. -(e)ment1*. Fréq. abs. littér. : 967. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 697, b) 1 206; xxes. : a) 862, b) 2 352. |