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DÉSUET, ÈTE, adj.
A.− [En parlant de choses] Qui n'est plus en usage, dont on a perdu l'habitude, passé de mode. Synon. archaïque, démodé, périmé, suranné.
− [Objets] Vêtements désuets. Cet ameublement prétentieux et désuet, d'une richesse sans fantaisie, d'une sévérité sans noblesse, académique et bourgeois (Bernanos, Joie,1929, p. 563).
− [Mode de vie, coutume, etc.] Tradition désuète, usages désuets. Elle goûtait naturellement son [de l'ambassadeur] air de bonté, sa politesse un peu désuète (Proust, Filles en fleurs,1918, p. 437):
Par libéral, je n'entends pas un système désuet qui s'est ruiné lui-même, une doctrine de la duplicité qui décompose le monde en intérêts, les couvrant du nom d'idées... J. Chardonne, Attachements,1943, p. 9.
− [Domaine de l'expr. langagière] Ce mot me sembla venir d'un autre âge, il m'était familier, désuet, incompréhensible (Abellio, Pacifiques,1946, p. 327).Des philologues comme Meyer-Lübke ou des historiens de la littérature comme Taine et Lanson, abandonnent l'étude du style, la notion même de style, à une rhétorique désormais désuète (Langage, Guiraud, 1968, p. 440).
Rem. 1. Le terme peut être senti comme péj., mais, en association avec charme (ou un équivalent), il acquiert souvent une coloration méliorative pour qualifier quelque chose de vieillot et de ce fait attendrissant. Le charme un peu désuet de ses vieilles places et de ses squares plantés de grands arbres et parés de jolies fleurs (Huysmans, Oblat, t. 1, 1903, p. 134). 2. On rencontre parfois l'emploi subst. masc. avec valeur de neutre au sens de « caractère désuet ». Parfois le désuet d'un rituel s'impose (Le Monde, 21 mai 1976, p. 23).
B.− [En parlant de pers.] Qui présente un aspect ou des manières d'être passés de mode. Personnage désuet. Cet homme qui vivait, en dehors de l'humanité, (...), n'avait plus par conséquent de raison d'être. Il végétait, superfétatif et désuet (Huysmans, Là-bas,t. 1, 1891, p. 65).Nous sommes aussi ridicules et désuètes parmi vous qu'un pauvre cocon dans une fabrique de soie végétale (Bernanos, Joie,1929, p. 588).
Prononc. et Orth. : [desɥ ε] ou [dezɥ ε], fém. [-εt]. Les 2 prononc. ds Pt Rob. et Lar. Lang. fr. D'apr. Dupré 1972, p. 675 la tendance actuelle est de prononcer [z], s se trouvant en position intervocalique et la préfixation n'étant plus ressentie. Ds Ac. 1932. Étymol. et Hist. 1891 (Huysmans, loc. cit.). Empr. au lat. class.desuetus « dont on a perdu l'habitude », part. passé de desuescere « se déshabituer » et « désaccoutumer ». Fréq. abs. littér. : 83. Bbg. Hasselrot 20es. 1972, p. 11. − Rat (M.). Désuet et suranné. Vie Lang. 1965, pp. 590-591.