| DÉSINVOLTURE, subst. fém. A.− Manière quelque peu inhabituelle d'être dégagé, libre et élégant. Surpris par l'esprit d'à-propos, par la finesse avec laquelle ces hommes formulaient leurs réponses, Lucien était étourdi par ce qu'on nomme le trait, le mot, surtout par la désinvolture de la parole et l'aisance des manières (Balzac, Illus. perdues,1843, p. 36).Il [mon père] appréciait les gestes élégants, les jolis sentiments, la désinvolture, l'allure, le panache, la frivolité, l'ironie (Beauvoir, Mém. fille,1958, p. 36). B.− Péj. Manière de se comporter avec une liberté excessive voire inconvenante. Jupien le [Maurice] mit dehors avec la plus grande désinvolture (Proust, Temps retr.,1922, p. 815).Celui-ci [Riquet] parlait des femmes avec une désinvolture qui me froissait (Beauvoir, Mém. fille,1958, p. 293). Prononc. et Orth. : [dezε
̃vɔlty:ʀ]. Ds Ac. dep. 1878. Étymol. et Hist. 1619 desenvoltura [mot esp. cité] (Essais de Bacon, trad. fr., p. 98 d'apr. F. Baldensperger ds R. Philol. fr., t. 27, p. 95); 1761 disinvoltura [mot ital. cité] (Rousseau, Nouvelle Héloïse, t. 2, 2epart., p. 363); 1836 désinvolture (Musset, Confes. enf. s., p. 107) [c'est disinvoltura et non désinvolture qui est attesté ds Stendhal, Rouge Noir, p. 318]. Empr. à l'ital. disinvoltura (dep. av. 1508, Calmeta ds Batt.), lui-même empr. à l'esp. desenvoltura (d'où la forme citée supra 1619), attesté dep. 1492 (Nebrija d'apr. Al.) et dér. de desenvuelto (désinvolte*). Fréq. abs. littér. : 158. Bbg. Hope 1971, p. 445. − Mat. Louis-Philippe 1951, p. 248. − Ritter (E.). Les Quatre dict. fr. B. de l'Inst. nat. genevois. 1905, t. 36, p. 400. |