| * Dans l'article "DÉSHONORER,, verbe trans." DÉSHONORER, verbe trans. A.− Porter atteinte à l'honneur de (quelqu'un). Synon. avilir, discréditer. 1. [Le compl. désigne une pers. ou l'une de ses caractéristiques] Si tu ne veux pas que, preuves en main et par un procès scandaleux, je déshonore ta mémoire, il faut que tu restitues sur-le-champ cette fortune (Ponson du Terr., Rocambole,t. 1, 1859, p. 69).Telle est la légende accréditée sur un écrivain redoutable qu'il s'agit de déshonorer par tous les moyens (Bloy, Journal,1892, p. 31): 1. ... on sut qu'elle avait dit que Mmede Cambremer se moquait de lui, qu'il était la fable de son salon, qu'il allait déshonorer sa vieillesse, compromettre sa situation dans l'enseignement.
Proust, Sodome et Gomorrhe,1922, p. 1092. 2. Les conjurés contestaient la régence de Blanche de Castille. Ils cherchaient à déshonorer la veuve de Louis VIII en répandant le bruit de son inconduite et lui reprochaient d'être une étrangère.
Bainville, Hist. de France,t. 1, 1924, p. 69. − Emploi pronom. à valeur réfl. Perdre son honneur. Il ne le pourrait pas, non, il ne pourrait jamais le supporter, se déshonorer à ses yeux, en subissant leurs humiliations et leurs injustices (Rolland, Révolte,1907, p. 598). 2. [Le compl. désigne une collectivité] Stendhal déclara qu'en reculant devant la guerre, le gouvernement déshonorait le pays, et il donna sa démission de Français (Bourget, Essais psychol.,1883, p. 217).Nous en avons assez de ces camps de représailles qui déshonorent la vieille Europe des poètes et des musiciens (Mauriac, Bâillon dén.,1945, p. 418). 3. Spéc. [Le compl. désigne une jeune fille, une femme] La séduire, abuser d'elle. Aussi son amant va-t-il, par un viol exécrable, la flétrir et la déshonorer sur le cercueil même de son père (Musset, Revue des Deux-Mondes,1832, p. 610).Armand songeait déjà au bruit que cela ferait dans Sérianne quand il aurait déshonoré Suzanne. Ce serait facile, parce qu'il ne l'aimait pas (Aragon, Beaux quart.,1936, p. 89). B.− P. ext. 1. [Le compl. désigne un sentiment, une attitude, une manifestation de l'esprit ou de l'activité humaine] Causer du tort à, déprécier. La plaisanterie déshonore une œuvre, une critique grave et sérieuse est parfois un éloge, je saurai rendre votre article plus honorable (Balzac, Illus. perdues,1843, p. 512).J'ai vu, en effet, trop d'écrivains déshonorer leur talent en faisant des imitations d'eux-mêmes (Green, Journal,1948, p. 138): 3. Toutefois je vous propose cette idée, que la moindre trace d'emphase ou d'enflure, comme on voudra dire, déshonore aussi bien la musique que la statuaire; encore plus clairement la musique, parce que la musique, (...) se déforme par le plus faible remous de colère, d'orgueil ou de vanité.
Alain, Propos,1921, p. 325. 2. [Le compl. désigne un lieu, une construction] Dégrader, défigurer. Çà et là, un vieux puits de mine abandonné, déchiqueté par les pluies, déshonoré par les ronces (Verne, 500 millions,1879, p. 64).La laideur de ces statues déshonore la grâce du lieu (Montherl., Pte Inf. Castille,1929, p. 610): 4. ... une balustrade riche et massive qui s'étend tout le long du faîte, et remplace ces toits plats, irréguliers, pointus, bizarres, qui déshonorent toute architecture, qui brisent toute ligne harmonieuse avec l'horizon, dans nos assemblages d'édifices bizarres que nous appelons villes,...
Lamartine, Voyage en Orient,t. 1, 1835, p. 74. Prononc. et Orth. : [dezɔnɔ
ʀe]. Ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. Fin xiies. deshonret (Sermons St Bernard, 72, 15 ds T.-L. [quod in se est, deum inhonorat]); début xiiies. deshonorez (2econtinuation de Perceval, éd. W. Roach, 24085). Dér. de honorer*; préf. dé(s)-*. Fréq. abs. littér. : 627. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 1 200, b) 920; xxes. : a) 968, b) 565. DÉR. Déshonorable, adj.,rare. [En parlant d'une action] . Synon. de déshonorant.Je ne veux rien voir. Je ne crois rien de déshonorable de ma mère (Mérimée, Jacquerie,1828, p. 370).− Dernière transcr. ds DG : dé-zo-no-rabl'. Ds Ac. 1798-1878. − 1reattest. ca 1265 (Brunet Latin, Trésor, II, 25, éd. Carmody, p. 195); de déshonorer, suff. -able*. BBG. − Gir. t. 2 Nouv. Rem. 1834, p. 29. |