| DÉSERTEUR, subst. masc. A.− [Sans compl. de n.] Soldat qui déserte (cf. ce mot A 2 absol.). Délinquant et alcoolique précoce, il [le pervers] sera bientôt déserteur ou réfractaire (Mounier, Traité caract.,1946, p. 726).Je ferai porter déserteur et condamner par le conseil de guerre quiconque ne se rendra pas à mes ordres de rassemblement (Ambrière, Gdes vac.,1946, p. 26).Les réacteurs (...) organisèrent en bandes armées la « jeunesse dorée », où pullulaient les embusqués, les insoumis, les déserteurs (Lefebvre, Révol. fr.,1963, p. 435). − Emploi adj. Officier déserteur. On parlait de faire fusiller le soldat déserteur (Chateaubr., Mém.,t. 2, 1848, p. 367).Attesté ds Dub., Lexis 1975. ♦ P. anal. : 1. Les anges pécheurs ne nous sont pas supérieurs. Étant plus élevés que nous, ils devaient moins pécher; ils sont d'autant plus coupables, qu'ils ont été plus ingrats et déserteurs.
Théol. cath.t. 4, 11920, p. 373. B.− [Avec compl. de n.] 1. [Correspond à déserter A 2] :
2. ... elle se répandait en plaintes sur M. Bergeret [...] Elle l'accusait notamment de la séparer de ses filles (...), et, déserteur du foyer, de courir les cafés...
A. France, Le Mannequin d'osier,1897, p. 286. 2. Au fig. [Correspond à déserter B] Une telle satisfaction procurée à un petit nombre d'individus, ordinairement devenus ainsi les déserteurs de leur classe (Comte, Philos. posit.,t. 4, 1839-42, p. 161).Je vis ce qui, (...) avait mis les coupables à la gêne et ramené à la foi les déserteurs de Dieu (Morand, Dern. Inquis.,1947, p. 298): 3. ... Dumas est un déserteur de la langue de ses pères, qui a préféré l'idiome châtré et léché de la Seine à l'idiome sauvage et libre du Rhône.
Lamartine, Cours fam. de litt.,40eentretien, 1859, p. 240. Rem. On rencontre ds la docum. a) Le subst. fém. déserteuse (cf. Musette, Cagayous chauffeur, 1909, p. 64). Attesté ds Nouv. Lar. ill. Suppl. 1907, Lar. Lang. fr. b) L'adj. fém. désertrice, avec compl. Où vont ces femmes absentes de leur couche, évadées de leur peau, désertrices de leur sommeil (A. Arnoux, Suite var., 1925, p. 151). Prononc. et Orth. : [dezε
ʀtœ:ʀ]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1243 « celui qui abandonne » (P. de Fontaine, Conseil à un ami, XXXII, 16 ds Gdf. Compl.); 1680 « celui qui quitte son armée » (Rich.). Dér. du rad. de déserter*; suff. -eur2*. Fréq. abs. littér. : 188. Bbg. Gir. t. 2 Nouv. Rem. 1834, pp. 28-29. |