| DÉSAFFECTIONNER, verbe trans. Vx. Faire perdre à quelqu'un l'affection ou la faveur qu'il portait à quelqu'un ou à quelque chose : 1. La morgue de la noblesse de cour désaffectionna du trône la noblesse de province, autant que celle-ci désaffectionnait la bourgeoisie, en en froissant toutes les vanités.
Balzac, Les Illusions perdues,1843, p. 39. − Emploi pronom. réfl. Se détacher progressivement de quelqu'un ou de quelque chose; cesser d'y porter intérêt. Je sentais (...) mon esprit se désaffectionner de ta pensée (Larbaud, Barnabooth,1913, p. 315): 2. Oh! ne croyez pas qu'il soit amer de se désaffectionner. Au contraire, vous ne savez pas comme c'est bon, de sentir qu'on n'aime plus. Je ne sais ce qui est meilleur : se détacher, ou qu'on se détache de vous.
Montherlant, La Reine morte,1942, II, 1ertabl., 3, p. 185. Rem. On rencontre ds la docum. désaffectionné, ée, en emploi adj. Je n'ai jamais été plus désintéressé, plus désaffectionné de tout ce qui est sensible (Maine de Biran, Journal, 1821, p. 307). Prononc. et Orth. : [dezafεksjɔne], (je) désaffectionne [dezafεksjɔn]. Ds Ac. 1932. Étymol. et Hist. 1. 1743 désafectionné « qui a perdu l'affection pour quelqu'un » (D'Argenson, Mém. II, 281 ds R. Hist. litt. Fr., t. 9, p. 487); 2. 1824 pronom. (Maine de Biran, op. cit., p. 345). Dér. de affection*; préf. dé(s)-*; suff. -é*; dés. -er. Fréq. abs. littér. : 13. Bbg. Darm. 1877, p. 135. |