| * Dans l'article "DÉRISOIRE,, adj." DÉRISOIRE, adj. A.− Qui est dit ou/et fait par dérision. Allan, je vous en prie, quittez ce ton dérisoire (Gracq, Beautén.,1945, p. 139): 1. Enfin le duc de Berri se mit en route à petites journées; il arriva à l'Écluse. « Sans vous, mon oncle, dit le roi, nous serions déjà en Angleterre ». Le duc de Berri ne fit qu'en rire, et répondit par des moqueries et des paroles dérisoires, tournant le tout en plaisanterie. Il examina pourtant les préparatifs, et l'on crut qu'enfin on allait partir; ...
Barante, Hist. des ducs de Bourgogne,t. 1, 1821-24, p. 349. 2. Et comme les chanteurs parvenus à la note la plus haute qu'ils puissent donner continuent en voix de tête, piano, il se contenta de murmurer, et en riant, comme si en effet cette peinture eût été dérisoire à force de beauté : ...
Proust, Du côté de chez Swann,1913, p. 254. B.− P. anal. Qui est négligeable au point de ne pas pouvoir être pris en considération. Proposition dérisoire, offres dérisoires (Ac.1835-1932) : 3. Dans les premiers embarras de son veuvage, un homme astucieux, M. Roque, lui avait fait des prêts d'argent, renouvelés, prolongés malgré elle. Il était venu les réclamer tout à coup; et elle avait passé par ses conditions, en lui cédant à un prix dérisoire la ferme de Presles.
Flaubert, L'Éducation sentimentale,t. 1, 1869, p. 115. 4. Dans ce malentendu tour à tour dérisoire ou dramatique, tous les torts certes ne sont pas du côté des historiens.
Marrou, De la Connaissance hist.,1954, p. 262. − Rare. [En parlant d'une pers.] :
5. Puis un jour, laissant là sa petite maison, emportant ses meubles et son mari dérisoire, elle déménagea et s'en fut habiter très loin de nous, ...
Colette, La Maison de Claudine,1922, p. 78. Prononc. et Orth. : [deʀizwa:ʀ]. Ds Ac. 1835-1932. Étymol. et Hist. 1. Av. 1473 « fait ou dit par dérision, pour se moquer » lettres derisoires (Juv. des Urs., Hist. de Charles VI ds La Curne); 2. 1791 « trop insignifiant pour être pris en considération » insignifiant et dérisoire (Robesp., Discours, Sur marc argent et journées ouvriers, t. 7, p. 163). Empr. au b. lat. derisorius « dérisoire, illusoire ». Fréq. abs. littér. : 482. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 184, b) 222; xxes. : a) 579, b) 1 425. DÉR. Dérisoirement, adv.De manière dérisoire. Si L. ne vous envoie pas l'argent que je lui demande, je vais devoir laisser Cuverville avec, dans nos tiroirs, une somme dérisoirement insuffisante (Gide, Journal,1914, p. 450).− [deʀizwaʀmɑ
̃]. − 1reattest. 1440-75 (G. Chastell., Chron. des D. de Bourg., éd. Kervyn de Lettenhove, IV, 76, 234); de dérisoire, suff. -ment2*. − Fréq. abs. littér. : 19. BBG. − Quem. 2es. t. 3, 1972. |