| DÉRIDER, verbe trans. A.− Emploi trans. Effacer, enlever les rides. Pommade pour dérider la peau (Ac.1835-1932).Cet ordre de sentiments qui dérident tous les visages, qui mouillent tous les yeux et font battre les cœurs (Lemaitre, Contemp.,1885, p. 231). − P. méton., vieilli. Dérider le front. Faire disparaître du visage les marques de sérieux, de gravité; détendre. J'avançais néanmoins, mais lentement et d'un air triste. Pour me dérider le front, mon jeune homme se mit à faire des entrechats (Dusaulx, Voy. Barège,t. 1, 1796, p. 250). ♦ P. ext. Détendre, égayer, amuser : 1. Elle [Nadja] s'assied parmi eux, elle cherche à surprendre sur leurs visages ce qui peut bien faire l'objet de leur préoccupation. Ils pensent forcément à ce qu'ils viennent de laisser jusqu'à demain, seulement jusqu'à demain, et aussi à ce qui les attend ce soir, qui les déride ou les rend encore plus soucieux.
Breton, Nadja,1928, p. 64. B.− Emploi pronom. réfl. Enlever, perdre ses rides. Des bouffées capricieuses venant de la côte. Elles passaient, et la mer se déridait aussitôt après leur passage (Verne, Tour monde,1873, p. 120). − P. méton. Sourire, se détendre, s'égayer : 2. Telle était la puissance que l'éducation des Jésuites avait sur M. de Guermantes, sur le corps de M. de Guermantes du moins, car elle ne régnait pas aussi en maîtresse sur l'esprit du duc. M. de Guermantes riait de ses bons mots, mais ne se déridait pas à ceux des autres.
Proust, Le Côté de Guermantes 1,1920, p. 284. Rem. On rencontre ds la docum. le néol. dérideur, euse, adj. Qui déride. Enregistré par Lar. Lang. fr. Chandellier, c'était le grand dérideur de Gavarni (Goncourt, Journal, 1860, p. 840). Prononc. et Orth. : [deʀide], (je me) déride [deʀid]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. 1538 « effacer les rides » (Est.); 2. fig. 1553 derrider mon soucy (G. de Magny, Les Amours, éd. Combert, p. 101 : ... la caresse ... Qui derride mon soucy); 1698 pronom. (Boileau, Épître, X). Dér. de rider*; préf. dé-*. Fréq. abs. littér. : 137. |