| DÉPÉRIR, verbe intrans. Aller vers sa perte, vers sa fin. A.− [Le suj. désigne un être vivant, homme, animal ou plante] Perdre peu à peu ses forces, sa santé. Cf. s'affaiblir, s'étioler.Je me sens dépérir lentement; la vie se retire peu à peu de moi (Hugo, Han d'Isl.,1823, p. 440).Cette jeune femme est anémique au dernier point. Elle dépérit (Flaub., Corresp.,1876, p. 283).Malgré les soins dont il les entoura, la plupart de ses plantes dépérirent (Huysmans, Àrebours,1884, p. 133): 1. ... elle dépérissait. Des tons de cire envahissaient son front et ses tempes, et ses yeux paraissaient agrandis, cernés de meurtrissures bleuâtres. Des lassitudes la prenaient, qui lui coupaient les jambes.
Moselly, Terres lorraines,1907, p. 113. SYNT. a) Dépérir + adv. ou loc. indiquant la manière : dépérir insensiblement, lentement, rapidement, à vue d'œil, de jour en jour. b) Dépérir + compl. de cause : dépérir de faim, de fatigue, de maladie; dépérir d'amour, de chagrin, d'ennui; dépérir pour (l'amour de) qqn. − P. méton. Forces qui dépérissent. Votre santé dépérit; vous avez maigri depuis quinze jours (M. de Guérin, Corresp.,1837, p. 279). ♦ Littér. Mes jours dépérissent. Mon existence s'achemine graduellement vers son terme. Ses jours dépérissoient; il marchoit à grands pas vers le tombeau (Chateaubr., Martyrs,t. 3, 1810, p. 96). B.− P. anal. [Le suj. désigne une chose concr. ou abstr.] Se détériorer, se dégrader, aller à sa ruine, à sa perte. Les vaisseaux dépérissent à Brest par le mélange d'eau douce (Michelet, Journal,1831, p. 91).Ils savaient (...) que leurs affaires dépériraient dans une contrée ruinée (Tharaud, Fête arabe,1912, p. 189).Le savoir (...) dépérit en l'absence d'individus capables de l'agrandir, de le transformer. Il doit croître ou périr (Valéry, Regards sur monde,1931, p. 286): 2. ... Marx et Engels sont largement utilisés [par Lénine] pour prouver d'autorité, que l'État prolétarien n'est pas un État organisé comme les autres, mais un État qui, par définition, ne cesse de dépérir.
Camus, L'Homme révolté,1951, p. 283. Rem. On rencontre ds la docum. a) Qq. emplois adj. du part. passé dépéri, ie. Qui a dépéri. [Le] saule pleureur planté par lui, et dépéri comme sa renommée (Chateaubr., Mém., t. 1, 1848, p. 500). Elles arrivent, l'une dépérie et pâle, l'autre pleine de joie et de santé (Jammes, Rom. du lièvre, 1899, p. 139). b) Qq. emplois adj. du part. prés. dépérissant, ante. Qui dépérit. Cette pauvre Gabrielle, où en est sa dépérissante santé? (M. de Guérin, Corresp., 1834, p. 171). La marquise [de Brosses], (...) se voyant malade et dépérissante, cherchait un lieu où s'abriter (Sainte-Beuve, Caus. lundi, t. 10, 1851-62, p. 221). Prononc. et Orth. : [depeʀi:ʀ], (je) dépéris [depeʀi]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. Ca 1120 « (d'une chose) aller à la ruine, disparaître » (Psautier d'Oxford, 108, 14 ds T.-L. : deperisse de terre la memoire d'els [dispereat de terra]); 2. 1687 « (d'un être vivant) s'affaiblir progressivement » (Fen., Educ. des filles, ch. 5 ds Littré). Empr. au lat. class. deperire « s'abîmer, se perdre, périr, mourir ». Fréq. abs. littér. : 246 (dépérissant : 13). Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 437, b) 261; xxes. : a) 388, b) 297. |