| DÉPITER, verbe trans. Causer du dépit (à quelqu'un). Je suis dépité de voir un homme aussi original que vous abîmer son œuvre par de pareils enfantillages (Flaub., Corresp.,1879, p. 225):1. Écarter soigneusement les contrariétés inutiles, et surtout ne pas laisser s'accumuler l'humeur sans y prendre garde. Ce qui dépite d'abord une femme c'est de n'être pas devinée ni comprise; ce dépit pourra bien se tourner en mépris et en colère.
Amiel, Journal intime,1866, p. 131. PARAD. a) Synon. contrarier, décevoir, désappointer, froisser, irriter, mécontenter. b) Anton. apaiser, calmer, contenter, satisfaire. − Emploi pronom. réfl. Concevoir, manifester du dépit. (Quasi-) synon. se fâcher, être chagriné : 2. ... il me semble que je deviens douce, que je m'attendris trop, que je n'ai plus ma vieille exécration d'autrefois; je me dépite, je me ronge, cela me fait plaisir et mal tout ensemble, le cœur me démange, ...
Flaubert, La Tentation de St Antoine,1849, p. 324. ♦ Fam. Se dépiter contre son ventre. Se priver de manger pour manifester son dépit (cf. J.-F. Rolland, Dict. mauv. lang., 1813, p. 51). Rem. On rencontre ds la docum. l'emploi adj. dépitant, ante. Le vrai Cid ne ressemble presque en rien à celui de la légende (...) c'est là un désaccord assez dépitant et désagréable (Sainte-Beuve, Nouv. lundis, t. 7, 1863-69, p. 224). Prononc. et Orth. : [depite], (je) dépite [depit]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. Ca 1200 « mépriser » (Dialogue Grégoire, 10, 5 ds T.-L.) − xvies. ds Hug.; 2. 1310-40 être despitié « être irrité » (J. de Condé, Dits et Contes, II, 113, 73 ds T.-L.); ca 1450 se dépiter « s'irriter (contre quelque chose) » (Mistère Viel testament, éd. J. Rothschild, 38022). Dénominatif de dépit* « mépris » et « irritation »; dés. -er. Fréq. abs. littér. : 56 (dépitant : 2). |