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DÉPENDANCE, subst. fém.
Relation de subordination, de solidarité ou de causalité.
A.− [Avec l'idée dominante de subordination, de soumission] Être dans, sous la dépendance de qqc. ou de qqn.
1. [Dans les relations entre pers. ou groupes de pers.] Fait d'être sous l'autorité, sous l'influence de quelqu'un; fait d'être à la merci de quelqu'un. Mettre, tenir qqn dans sa dépendance. Un sentiment de dépendance et de subordination (Romains, Copains,1913, p. 225).Cette dépendance financière prolongée le mettait hors de lui (Aragon, Beaux quart.,1936, p. 295).
Rem. Le plur. est rare dans cet emploi. Les dépendances et esclavages ne font rien ici; le poète règne par la lyre (Alain, Propos, 1935, p. 1260).
En partic., PSYCHOL. État d'une personne qui est ou se place sous l'autorité, sous la protection d'une autre par manque d'autonomie. C'est au deuxième âge, quand il se heurte au monde, que l'enfant sent pleinement sa dépendance (Mounier, Traité caract.,1946, p. 503).La dépendance qu'éprouve l'enfant vis-à-vis de sa mère (Choisy, Psychanal.1950, p. 124).
2. [Dans les relations établies entre des choses] Quelques personnes se sont servies de cette dépendance du jazz par rapport au disque comme d'un argument contre lui (Panassié, Jazz hot,1934, p. 50).Le larynx, sous la dépendance immédiate de l'appareil respiratoire forme les registres (Arger, Init. art chant,1924, p. 4).
En partic., dans la gramm. traditionnelle.Syntaxe de dépendance. ,,Partie de la syntaxe qui traite des rapports d'un mot ou d'un groupe de mots avec tel ou tel mot dont il dépend`` (Ac. 1932).
B.− [Avec l'idée dominante de solidarité physique et/ou morale]
1. Fait d'être lié organiquement ou fonctionnellement à un ensemble ou à un élément d'un ensemble. Dépendance mutuelle, réciproque. L'étroite dépendance des parties qui se soutiennent l'une l'autre (Blondel, Action,1893, p. 73):
1. Si étroite, au demeurant, que soit la dépendance et la solidarité des diverses parties du tout organique, des cellules peuvent vivre quelque temps en dehors de l'organisme... J. Rostand, La Vie et ses problèmes,1939, p. 57.
2. P. méton., souvent au plur. Partie (généralement accessoire) d'un tout.
a) Installation dépendant d'une terre, (du corps principal) d'une maison. Circonstances* et dépendances. Le palais n'a ni communs ni dépendances (About, Grèce,1854, p. 359).
Au fig. :
2. Beaucoup insister sur le mot déjà ancien de Prétextes [d'A. Gide] où il est dit que l'éthique est une dépendance de l'esthétique − mot gidien s'il en fût. Du Bos, Journal,1925, p. 301.
b) DR. FÉOD. ,,Terres qui relevaient, qui dépendaient d'une autre terre, d'un seigneur`` (Ac. 1835-1932).
DR. MOD. Ce qui se rattache à un procès, à une affaire sans en constituer l'essentiel. M. le procureur-syndic de la commune doit dénoncer les délits ci-dessus mentionnés, circonstances et dépendances (Moniteur,t. 2, 1789, p. 515).Lorsque volontairement on gère l'affaire d'autrui, (...) [on] doit se charger également de toutes les dépendances de cette même affaire (Code civil,1804, art. 1372, p. 249).
C.− [Avec l'idée dominante de causalité] Fait d'être conditionné, d'être déterminé par quelque chose. Une relation de principe et de conséquence, un rapport de dépendance (Cousin, Philos. Kant,1857, p. 105).Dépendance causale (Théol. cath.,t. 4, 1, 1920, p. 1220):
3. Aux étages morphologique et phonologique de la langue, il ne saurait être question de relation de dépendance directe du système linguistique à l'égard des conditions sociales. Traité de sociol.,1968, p. 271.
Prononc. et Orth. : [depɑ ̃dɑ ̃:s]. Ds Ac. 1694-1932; Ac. 1718-1798 enregistre, en outre, la vedette au plur. pour signifier : tout ce qui fait partie d'une terre. Étymol. et Hist. 1. 1361 « ce qui tient à quelque chose comme accessoire » (Ranç. du roi Jean, A.N. KK 10 a, fo60 vods Gdf. Compl.); 1474 en partic. « propriété qui dépend d'un domaine » (Ordonnances des rois de France, XVIII, 29 ds Bartzsch, p. 24); av. 1681 « contrée, terre qui relève d'une autre » (Patru, Plaidoyer, 4 ds Littré); 1676, 15 mai au plur. (Sévigné, Lettres, éd. M. Monmerqué, t. 4, p. 448); 2. 1370 « rapport qui lie certaines choses et qui les rend nécessaires les unes aux autres » (Oresme, Eth., éd. A. D. Menut, 7 d, p. 116); 3. 1636 « sujétion, subordination à une personne, un État » (Monet ds FEW t. 8, p. 182 a). Dér. du rad. du part. prés. de dépendre2*; suff. -ance*. Fréq. abs. littér. : 913. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 1 749, b) 1 032; xxes. : a) 841, b) 1 331. Bbg. Archit. 1972, p. 159. − Quem. 2es. t. 4 1972.