| DÉMÂTER, verbe. MARINE I.− Emploi trans. A.− [L'obj. désigne un bâtiment, parfois un ensemble de bâtiments ou p. méton., le capitaine d'un navire] 1. [Le suj. désigne gén. une pers.] Enlever le ou les mâts selon une technique particulière. On a démâté les vaisseaux dans le port (Ac.1798-1932). 2. [Le suj. désigne une force violente exercée par une pers., une collectivité ou par un phénomène naturel ou accidentel] Priver d'un mât, de la mâture de façon violente, en les abattant, en les rompant. Les tempêtes de l'Océan agitent, démâtent quelquefois leurs vaisseaux (Crèvecœur, Voyage,t. 2, 1801, p. 89). − Démâter (un bâtiment) d'un mât. Violent ouragan (...) qui avait démâté de tous ses mâts la frégate la Résolution (Voy. La Pérouse,t. 1, 1797, p. LXII). − Emploi abs. Tirer à démâter. Diriger le tir sur la mâture du vaisseau ennemi. Elle [la flotte anglaise] tirait à couler bas au lieu de tirer à démâter (Lefebvre, Révol. fr.,1963, p. 320). B.− P. métaph. et au fig. 1. P. métaph. Ce fut (...) une de ces tempêtes morales qui démâtent une âme de toute sa réflexion (Bourget, Irrépar.,1884, p. 121). 2. Au fig. [L'obj. désigne une pers. ou un attribut de la pers.] Faire perdre contenance, démonter, désorienter. C'est l'énervement surtout qui démâte les femmes (Montherl., Lépreuses,1939, p. 1494). II.− Emploi intrans. [Le suj. désigne un bâtiment et p. méton. une ou plusieurs pers. à bord] Être privé totalement ou partiellement de sa mâture. Personne à bord n'avait jamais vu de tempête aussi violente. Nous manquâmes de démâter (Gaimard, Voy. Islande,1852, p. 69). Prononc. et Orth. : [demɑte]. Ds Ac. 1694 et 1718, s.v. demaster; ds Ac. 1740-1932 sous la forme mod. Étymol. et Hist. 1. a) 1479 desmaster trans. « enlever le mât d'un navire » (Bulletin du comité des travaux hist., 1897, p. 107); b) 1632 « abattre (par des moyens violents) la mâture d'un navire » (Sagard, Le Grand voyage du pays des Hurons, 20 ds Fr. mod., t. 25, 1957, p. 310); c) 1736 intrans. « perdre ses mâts (d'un navire) » (Aubin); 2. av. 1825 au fig. « faire perdre à quelqu'un son assurance » (Saint-Simon ds Lar. 19e). Dér. de mâter*; préf. dé-*. Fréq. abs. littér. : 34. DÉR. Démâtage, subst. masc.Action d'enlever le ou les mâts d'un bâtiment selon une technique particulière; fait de les perdre par accident. Le démâtage d'un vaisseau (Ac.1835-1932).− [demata:ʒ]. Ds Ac. 1835-1932. − 1reattest. 1783 (Encyclop. méthod., Mar., t. 1, p. 678); de démâter, suff. -age*. BBG. − La Landelle (G. de). Le Lang. des marins. Paris, 1859, p. 66, 317. |