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DÉMEMBRER, verbe trans.
I.− Emploi trans.
A.− Vieilli, rare. [Le compl. d'obj. désigne une pers., un animal ou leur corps] Arracher les membres. Il se ferait plutôt démembrer et mettre en pièces (Ac.1798-1878).Cet homme (...) sera pendu; mais je ne veux point qu'on le démembre avant de le faire mourir (Mérimée, Jacquerie,1828, p. 137).
− P. anal. Les provinces à démembrer de la France (Chateaubr., Mém.,t. 3, 1848, p. 153).
B.− Usuel, gén. péj. [L'obj. désigne un ensemble formant un tout organique]
1. Priver de manière plus ou moins violente ou regrettable de certains éléments, décomposer en divers éléments. Ses collections étaient superbes, (...) il les démembrait volontiers au profit des amateurs (Barrès, Cahiers, t. II, 1918, p. 245).
2. Spéc., domaine de l'action pol. ou soc.
a) [L'obj. désigne un territoire, une terre] En faire le partage, morceler. Démembrer un fief; démembrer un empire, la France. − Je m'arrange avec vos créanciers hypothécaires, je démembre la terre, je vends à ceux-ci, j'achète à ceux-là (Sand.Meunier d'Angib.,1845, p. 86).
b) [L'obj. désigne une instit., une autorité] Décomposer les structures, les attributions, entamer la cohésion, désagréger en affaiblissant. Edgar Faure entend démembrer la S.N.C.F., supprimer des lignes et porter atteinte aux droits acquis des cheminots (L'Humanité,19 janv. 1952, p. 4, col. 5).
3. P. ext. [L'obj. désigne une réalité soumise à une étude, une recherche] Décomposer de manière plus ou moins fâcheuse :
Loin donc de démembrer et de désarticuler immédiatement l'objet à concevoir, il faut avant tout le saisir dans son ensemble, puis dans sa formation, et seulement après dans ses parties. Amiel, Journal intime,1866, p. 231.
II.− Emploi pronom.
A.− À sens réfl. [Le suj. désigne une pers.] Perdre ses membres, avoir les membres arrachés; p. exagér. se désarticuler. Ils se démembrent pour s'agripper mieux au timon (Céline, Mort à crédit,1936, p. 537).
− P. anal. [Le suj. désigne une chose concr.] Et l'eau commence à s'infiltrer entre les planches qui se démembrent (Butor, Passage Milan,1954, p. 221).
B.− À sens passif. [Le suj. désigne un tout, en partic. un territoire, une terre, une instit.] Se décomposer, être décomposé en plusieurs parties, se désagréger en perdant de sa force. Le pouvoir s'émiettait, le territoire se démembrait (Bainville, Hist. Fr.,t. 1, 1924, p. 28).
Prononc. et Orth. : [demɑ ̃bʀe]. Ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. a) Début xiies. desmembrer « priver (une personne) de ses membres » (Roland, éd. J. Bédier, 1970); b) fin xiies. « détruire (un bâtiment) » (Garin le Lorr., éd. P. Paris, t. 1, p. 12) − 1575 desmembré, Thevet ds Hug.; 2. 1254 « faire disparaître une chose en tant qu'unité » (Rutebeuf, La Discorde de l'Université et des Jacobins, 35 ds Œuvres complètes, éd. E. Faral t. 1, p. 240). Dénom. de membre*; préf. dé-*. Fréq. abs. littér. : 57.