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DÉMARCATION, subst. fém.
Action de marquer la limite qui sépare deux territoires ou deux zones; résultat de cette action, limite qui sépare deux territoires ou deux zones. Présider à la démarcation des limites de France et d'Espagne (Chamfort, Caract. et anecd.,1794, p. 159).Dans le premier plan de la plage, le peintre avait su habituer les yeux à ne pas reconnaître de frontière fixe, de démarcation absolue, entre la terre et l'océan (Proust, J. filles en fleurs,1918, p. 836).
♦ Ligne de démarcation. Ligne qui sert à marquer les limites d'un terrain. La ligne de démarcation qui sépare la Virginie de la Caroline du Nord, tracée en 1749 (Crèvecœur, Voyage,t. 2, 1801, p. 242).
Spéc., HIST. [De 1940 à 1942] Ligne qui délimitait, en France, la zone occupée par les Allemands et la zone libre. Si ton père, bien que prisonnier évadé, a pu passer la ligne de démarcation et revenir en zone occupée, c'est parce que les Allemands ont fermé les yeux (Montherl., Demain,1949, II, 1, p. 721).
− Au fig. Nette séparation entre deux domaines ou deux concepts. Il arrive (...) qu'on ne trouve pas de démarcation tranchée entre l'honnête et le déshonnête (Cournot, Fondem. connaiss.,1851, p. 405):
... Tolstoï nous dit qu'il lui fut toujours impossible de discerner où se situe la ligne de démarcation entre la prose et la poésie. Du Bos, Journal,1924, p. 85.
Rem. La plupart des dict. enregistrent l'adj. démarcatif, ive. Qui indique la démarcation. Ligne démarcative, chemin démarcatif.
Prononc. et Orth. : [demaʀkasjɔ]. Ds Ac. 1798-1932. Étymol. et Hist. 1. a) 1700 ligne de démarcation « ligne que le pape Alexandre VI fit tracer sur la mappemonde pour séparer les possessions espagnoles des possessions portugaises » (de La Neuville, Histoire générale de Portugal, t. 1, p. 64 ds Trév. 1721, s.v. ligne); b) « action de limiter; limite, frontière » 1773 point de démarcation (Bernardin de Saint-Pierre, Voyage à l'Ile de France ds Œuvres posthumes, t. 1, p. 89); 1791 démarcation (Mirabeau, Collection, t. 4, p. 340 ds Littré); 2. 1770 au fig. ligne de démarcation (D'Holbach, Système de la nature, t. 2, p. 242); 1791 démarcation (Volney, Ruines, p. 52). Empr. à l'esp. demarcación (1609 ds Al.), dér. de demarcar « marquer les limites d'un pays ou d'un terrain » (1617, ibid.). Fréq. abs. littér. : 139. Bbg. Gouvernement du Québec. Vocab. techn. des quilles. 1972, p. 17. − Rupp. 1915, p. 87.