| DÉMANTIBULER, verbe trans. A.− Rompre la mâchoire : ... Gaspard, qui, de primevue avait souhaité de lui compléter le portrait, lui démantibula la gueule du plus beau taillant qui se pût voir.
Pourrat, Gaspard des Montagnes,À la belle bergère, 1925, p. 149. − [En constr. pronom. indir. avec valeur réfl. et obj. interne désignant la partie du corps affectée] Se démantibuler la mâchoire. Je bâille à me démantibuler la mâchoire (Toepffer, Nouv. genev.,1839, p. 261). B.− P. anal. Mettre en pièces ce qui était composé de parties ajustées. Démantibuler un jouet, un meuble. La tempête démantibule leur navire (Saint-Exup., Pilote guerre,1942, p. 370).J'étais comme un enfant qui a (...) démantibulé son train mécanique (Schaeffer, Rech. mus. concr.,1952, p. 39). ♦ Emploi pronom. à sens passif. Tant mieux si votre roulotte se renverse, se démantibule, et pourrit dans le fossé (Cocteau, Par. terr.,1938, I, 6, p. 215). − Au fig. [Le compl. d'obj. désigne une chose abstr.] Ces vieux ramollis de sénateurs ont encore démantibulé toute la nouvelle loi militaire (Coppée, Vrais riches,1891, p. 196). Rem. On rencontre ds la docum. a) Démantibulage, subst. masc. Action de démantibuler. Cela est le démantibulage de tous les services de l'État (Goncourt, Journal, 1874, p. 988). b) Démantibulé, ée, part. passé adj. Rompu. Mâchoire démantibulée. P. ext. Mis en pièces. Poignet tout démantibulé. Des éclats sautèrent du volet démantibulé (Camus, Peste, 1947, p. 1468). Prononc. et Orth. : [demɑ
̃tibyle], (je) démantibule [demɑ
̃tibyl]. Ds Ac. 1740-1932. Étymol. et Hist. 1. a) 1552 demandibulé adj. « dont la mâchoire est rompue » (Rabelais, Quart Livre, XV, éd. R. Marichal, p. 90, 26); 1611 desmandibuler « rompre la mâchoire de quelqu'un » (Cotgr.); 1611 démantibulé (ibid.), emplois isolés; b) 1677 trans. démantibuler la mâchoire (D'Assoucy, Aventures, I, 8 ds DG); qualifié de ,,vieux`` ds Fur. 1690-Ac. 1878; s'est maintenu dans les expr. bâiller, crier à se démantibuler la mâchoire (Ac. 1835), 2. 1640 desmantibuler « démolir, défaire » (Oudin Ital.-Fr., s.v. squinternare); 1680 adj. (Rich.); Dér. de mandibule*; préf. dé-*; dés. -er. Le passage de -d- à -t-, également attesté pour mandibule (1532, Compt. de la gr. command. de S.-Den. ds Gdf. − 1808, Hautel), s'explique prob. par dissimilation du d placé entre deux sonores avec une infl. possible de menton (FEW t. 6, 1, p. 157b-158a), plutôt que par celle de démanteler (Bl.-W.1-5), plus récent que mantibulle. Fréq. abs. littér. : 17 (démantibulé : 24). BBG. − Quem. 2es. t. 2 1971. |